C’est le maïs qui s’est placé sur le devant de la scène cette semaine. La poursuite des difficultés logistiques en Ukraine, la fin de la pression liée à l’arrivée de la récolte maintenant terminée aux États-Unis et, tout récemment, la remontée du mandat américain de production d’éthanol pour 2017 ont soutenu les cours. Cumulés à la nouvelle chute de l’euro face au dollar, les prix du maïs hexagonaux ont ainsi gagné 2 à 3 €/t selon les régions, atteignant 169 €/t Fob Rhin à la fin de la semaine. La récolte de maïs touche à sa fin en France et les mauvaises performances se confirment.

Rien de folichon pour les orges européennes

Les orges, elles, sont restées à la hausse sur le marché mondial. Elles ont gagné 1 à 2 $/t sous l’impulsion probable d’une accélération des achats chinois. Ces achats demeurent très bas par rapport à l’an dernier, mais ils ont affiché quelques soubresauts récemment en raison d’un prix du maïs en Chine élevé, soutenu par les aides à l’industrie du maïs dans le but de limiter les stocks.

Néanmoins, rien de bien folichon à attendre pour les orges européennes. La demande chinoise est actuellement servie par les orges australiennes, nettement moins chères. Sur le marché français, les cotations à Rouen n’ont guère bougé. Ce sont plutôt les orges de l’intérieur (Fob Moselle) qui se sont appréciées légèrement, la chute de l’euro renforçant le phénomène (+3 €/t à 136,5 €/t pour les orges fourragères Fob Moselle et +3 €/t à 165 €/t pour les orges brassicoles d’hiver).

Des évolutions disparates pour le blé

En blé, l’échéance décembre d’Euronext a gagné 3,5 €/t à 168,25 €/t mais l’échéance mars n’a quasi pas changé (+0,25 €/t seulement à 169,25 €/t) si bien que les deux valeurs se retrouvent très proches désormais. Les évolutions de prix ont été assez disparates sur le marché physique (entre –1 et +1 €/t) alors que, comme en orge, les prix mondiaux ont presque tous gagné un peu de terrain cette semaine.

Pourquoi ces hausses au niveau mondial ? À cause de la lenteur des ventes russes mais aussi d’inquiétudes il y a quelques jours faisant suite aux conditions trop sèches pour le développement des blés d’hiver aux États-Unis. Ces inquiétudes sont apaisées désormais avec le retour de pluies bénéfiques. Par ailleurs, les blés argentins sont sur le point d’arriver sur le marché et leurs prix s’affichent à des niveaux très bas sur le créneau fourrager. Cette offre argentine, cumulée à une offre russe importante sur le segment de la basse qualité, devrait peser à court terme sur les prix fourragers.

En France, des bateaux de blé lituanien sont en train d’arriver : ils ont été achetés il y a deux mois environ à un moment où les valeurs baltes défiaient toute concurrence. Du côté des bons blés meuniers, la situation mondiale reste plus critique. L’ampleur ainsi que la qualité des récoltes australienne et argentine qui arrivent seront des points clefs. Cette semaine, les exportations de l’UE (Union européenne) atteignent 9,4 Mt en cumul depuis le 1er juillet. Ce qui reste supérieur à ce qui a été exporté l’an dernier à la même date. Néanmoins, nous attendons un net ralentissement de ce flux sur les mois d’hiver en raison de l’épuisement des disponibilités des pays du sud-est de l’UE.

Soutien politique à la demande en huile aux USA

Le prix du soja est en forte hausse, gagnant plus de 16 $/t par rapport à la semaine dernière (à la clôture de mercredi soir, jeudi étant férié outre Atlantique). Les prix ont principalement été soutenus par l’annonce de l’Agence de protection de l’environnement (EPA en anglais) concernant les mandats d’incorporation de biocarburants en 2017. Ceux-ci sont en effet très porteurs pour la demande de biodiesel, issu principalement de l’huile de soja produite aux États-Unis.

La hausse du prix de l’huile a ainsi été partiellement répercutée sur le prix du soja. Par ailleurs, les prix de la graine sont aussi soutenus par les ventes et les chargements à l’exportation, alors que la demande de la Chine reste très présente.

Le colza soutenu par la baisse de l’euro

Cette semaine encore, la nouvelle baisse marquée de l’euro face au dollar continue de soutenir les cours du colza hexagonal. Rendu Rouen, le cours du colza bondit de 12 €/t, alors qu’il augmente de 11,5 €/t en Fob Moselle. Le contrat Euronext se renchérit lui aussi de 11,5 €/t sur l’échéance de février. Les chargements de bateaux au départ de l’Australie sont très importants, mais ne devraient pas arriver avant la fin de l’année. Entretemps, les importations se font plus rares dans les ports français, alors que les disponibilités ukrainiennes diminuent.

Du côté politique, les intentions de la Commission européenne concernant les biocarburants ont été dévoilées cette semaine. D’après un brouillon qui circule dans le marché, la Commission souhaiterait réduire la part des biocarburants dits « de première génération » (qui utilisent des matières premières utilisables dans l’alimentation) à 3,8 % en 2030 contre environ 4,5 % estimés actuellement. Cela pourrait à long terme fragiliser la filière du colza européenne.

Il est à noter qu’au Canada, les statistiques officielles confirment une forte demande de la trituration de canola en octobre et le rythme reste élevé depuis. Au Saskatchewan, principale province productrice, les opérations de récolte ont finalement pu bien avancer courant novembre, alors que les pluies diminuaient et permettaient aux machines de rentrer dans les champs. 96 % des surfaces sont ainsi récoltées, avec de très bons rendements.

Les prix du canola à Winnipeg remontent eux aussi de 11 $/t cette semaine, dans le sillage du soja, et alors que le rythme hebdomadaire d’exportations s’accélère. Il est à noter : une vente de canola vers le Pakistan. Porté par la dynamique haussière du colza et du soja, le prix du tournesol à Saint-Nazaire gagne 5 €/t à 370 €/t, alors que les cours de l’huile de tournesol s’apprécient de manière marquée.

Nouvelle hausse des tourteaux en France

Les prix du tourteau de soja à Chicago gagnent environ 5 $/t cette semaine, dans le sillage de la graine, mais de manière plus modérée car les disponibilités en tourteaux restent élevées. Les prix remontent de nouveau à Montoir (+13 €/t), soutenus comme précédemment par la faiblesse de l’euro. Les pois fourragers au départ de la Marne voient leur cotation inchangée sur la semaine, à 220 €/t. Ils restent peu attractifs en alimentation animale.

À suivre : qualité des récoltes australienne et argentine de blé, ventes de blé fourrager argentin et russe, relation de compétitivité entre les orges européennes et australiennes, rythme et destinations d’exportation du colza australien, exportations de soja par les États-Unis, semis et conditions de culture en Amérique du Sud.