«Les contraintes réglementaires s’appliquent au-dessus de certains seuils de tonnages, différents en solide et liquide », signale Philippe Eveillard, directeur agriculture, environnement et statistiques à l’Unifa (Union des industries de la fertilisation).

Toutefois, ces seuils sont élevés pour les engrais solides et rarement dépassés à la ferme. Pour les liquides, ils sont plus souvent atteints (supérieur à 100 m3, voire moins en zone sensible) et cela impose de mettre en place un bac de rétention (voir encadré ci-contre). C’est notamment vrai sur les exploitations céréalières équipées de matériel de pulvérisation de grande largeur. En dessous de ces seuils, il est recommandé de suivre des règles de bonnes pratiques pour la sécurité des stockages, des travailleurs et pour la bonne conservation de la qualité physique de l’engrais.

Éloignés des produits inflammables

« Dans des conditions normales de stockage et de manipulation, les engrais sont des produits inertes et ininflammables », appuie l’Unifa. De manière générale, il faudra donc les éloigner des matières organiques, sels métalliques, acides forts, matières basiques, mais aussi des objets ou surfaces chaudes. Ils doivent donc être mis à l’écart de produits inflammables, emballages vides, produits agricoles et combustibles comme la paille, la sciure ou les pneus.

Il est recommandé de stocker les engrais solides à l’intérieur d’un bâtiment en bon état et aéré, sur un sol propre et protégé des rayons solaires. Il faudra bien différencier les différents types d’engrais et d’amendements entre eux pour éviter les confusions. Par exemple, l’urée ne doit pas être entreposée près du nitrate d’ammonium car ces deux produits sont incompatibles. L’Unifa invite également à tenir à jour un inventaire et un plan des stocks permettant d’informer les services de secours en cas de sinistre, ou de déterminer s’il y a eu vol afin de prévenir la police.

Pour les produits emballés, le stockage à l’extérieur est toléré pour une courte durée. Les sacs et big-bags seront isolés du sol par des palettes pour empêcher toute prise d’humidité. La pose d’une bâche de couleur claire permettra de limiter leur échauffement. Mais leur stockage en plein soleil est, en revanche, fortement déconseillé en été, même pour de courtes durées.

Concernant le vrac, il reste peu fréquent sur les exploitations. Il faudra malgré tout éviter tout mélange, en séparant les engrais entre eux. Pour cela, il faut ne pas dépasser la quantité de stockage maximale par case pour ne pas déborder sur celles d’à côté. Le produit doit être maintenu aussi sec que possible en le déposant sur un sol sec, mais aussi en refermant les portes par temps humide ou bien en bâchant immédiatement le tas.

Quatre types de cuves

« Pour concevoir ou aménager un stockage de solutions azotées, il faut prendre en compte la protection du personnel, la conservation des propriétés physico-chimiques des produits, la prévention des pollutions qui peuvent nuire gravement à l’environnement et les risques d’incendie », fait savoir l’Unifa. Ainsi, l’ammoniaque demeure toxique à des concentrations relativement faibles dans les cours d’eau.

Quatre types de cuves de stockage d’engrais liquides existent : souples, à simple paroi métallique ou plastique, à double paroi ou enterrées. Il est conseillé de faire installer la cuve de son choix par un professionnel qui prévoira un bac de rétention étanche (voir infographie) pour collecter les solutions en cas de fuite, ainsi qu’un ancrage au sol en béton. Les industriels recommandent également vivement de clôturer l’accès pour éviter les malveillances (vol ou détournement). C’est notamment vrai pour le nitrate d’ammonium. Il est également préférable que les engrais soient stockés sous abri pour les protéger, par exemple du froid, et ainsi éviter la formation de cristaux durant l’hiver.