Certes, des difficultés de trésorerie, voire des impasses techniques, notamment vis-à-vis des insectes d’automne, comme dans l’Yonne, ont pu amener certains exploitants à ne pas implanter leurs colzas cette année. Toutefois, la sécheresse reste le principal facteur qui a bloqué les chantiers. Si beaucoup de régions sont concernées, le nord de la Lorraine semble remporter la palme : les surfaces y seraient en recul de 50 %.
Quant aux colzas implantés, les premières levées sont parfois irrégulières au sein des parcelles (la photo). « On voit de tout, du stade cotylédon à 2 feuilles pour les plus jeunes plantes, jusqu’à 6-8 feuilles », indique Laurent Jung, chargé de communication zone Nord et Est, chez Terres Inovia. Les levées tardives, elles, sont aux stades cotylédons à 1-2 petites feuilles. Dans ce cas, l’avenir des colzas dépendra des conditions climatiques qu’ils subiront d’ici à l’entrée de l’hiver. La question d’un retournement éventuel est donc encore prématurée, sauf si la densité se situe entre cinq et dix plantes.
Peuplement inférieur à cinq plantes au m²
La question du retournement peut également se poser pour les premiers semis présentant un peuplement inférieur à cinq plantes au m². «Au-delà de dix plantes au m², le point pourra être fait plus tard », complète le spécialiste.
Si des herbicides ont été employés, il convient d’être très vigilant, car toutes les cultures de remplacement ne pourront pas être envisagées. Le tableau ci-contre récapitule les différents cas de figure (à l’automne et en sortie hiver).
« Comme il s’agit d’une année inhabituelle, beaucoup d’exploitants n’ont pas encore investi dans le pré- ou le postsemis précoce, précise toutefois Laurent Jung. Ils attendent de faire tout en postsemis. Attention cependant, dans le cas de rotations courtes, ces stratégies permettront de maintenir difficilement les parcelles propres. » Le choix des cultures possibles après colza pourrait d’ailleurs être un peu plus limité dans le contexte de l’année, puisque les agriculteurs ont déjà engagé des frais pour cette espèce. Il ne devrait donc pas y avoir de labour pour mettre en place la culture de remplacement.
Même si certains colzaïculteurs se sont déjà orientés vers une céréale d’hiver, Terres Inovia insiste sur le fait que « le maintien de cultures dites ''têtes de rotation'' dans l’assolement est essentiel pour la pérennité du système de culture. » En fonction du contexte pédoclimatique et des débouchés, le tournesol, les pois ou féveroles d’hiver ou de printemps, le lin oléagineux de printemps, ainsi que le soja, sont notamment envisageables.