Cela fait près de vingt-cinq ans que le message diffusé auprès des producteurs d'orge brassicole se résume ainsi : « Il ne faut pas dépasser le seuil de 11,5 % de protéines », les brasseurs cherchant des malts bien spécifiques pour répondre aux attentes des consommateurs. Les conseils de fertilisation azotée ont été conçus en conséquence.

« Depuis une dizaine d'années, la teneur en protéines des orges d'hiver brassicoles s'effrite d'environ 0,05 point/an. Cette tendance est surtout marquée ces deux dernières années avec des teneurs entre 9 et 10,5 %. C'est d'autant plus inquiétant que le rendement s'effrite lui aussi, indique Luc Pelcé, animateur de la filière orge brassicole au sein d'Arvalis. Pour les orges brassicoles de printemps, ce taux se maintient entre 10 et 11 % mais il reste variable entre régions productrices. La Champagne présente les teneurs les plus faibles. »

Or, si l'excès de protéines dans le grain est problématique, son manque pose aussi un souci aux malteurs comme aux brasseurs (lire l'encadré). Cette baisse serait liée à la réduction des doses d'azote, à la moindre efficacité des apports, avec par exemple des amendements trop précoces, ou encore une plus faible fourniture du sol en azote. Il importe donc de maîtriser les apports d'engrais en les positionnant au plus près des périodes d'absorption de la culture.

- Sur le terrain, le fractionnement est souvent basé sur deux apports pour les orges d'hiver et les escourgeons. Il est adapté si la dose totale à épandre ne dépasse pas 140-150 kg/ha. Il y aura alors une quinzaine de jours d'écart entre les deux : d'abord 50 unités courant tallage et le solde au stade épi 1 cm.

- Trois apports peuvent être recommandés. C'est le cas lorsque la dose totale à apporter dépasse 140-150 unités. Le premier doit être réalisé courant tallage (50 unités) et le deuxième à épi 1 cm en soustrayant 110 unités à la dose conseillée. Quant au dernier passage, il aura lieu au stade 1 noeud, et pas plus tard, avec 40 unités.

Les essais menés par l'institut technique démontrent que trois passages comparés à deux (à dose égale) permettent d'accroître le rendement de 2,8 q/ha. En moyenne, le gain est d'au plus 0,3 point, sans dépasser la norme commerciale de 11,5 %.

ORGE DE PRINTEMPS, UN OU DEUX APPORTS

Pour les mêmes raisons, le fractionnement en deux apports est conseillé sur les orges de printemps en présence de sols superficiels, avec de faibles reliquats sortie hiver ou lorsque la dose totale d'azote à apporter est supérieure à 120 unités. « Cette stratégie est d'autant plus appropriée que le semis de l'orge de printemps est précoce », insiste Arvalis. Pour ceux intervenant avant le 15 février, les deux stades clefs sont la levée (50 u) et le début tallage (solde). Pour les semis allant du 15 février au 15 mars, il est recommandé d'apporter 50 unités au semis puis le restant entre 2-3 feuilles et début tallage. En revanche, si la dose totale est inférieure à 120 unités, elle sera épandue en une seule fois au stade 2-3 feuilles.