Les semis de blé vont bientôt débuter et Vincent Boucher pense déjà à leur fertilisation azotée. En effet, cet exploitant, situé à Barbery, dans l'Oise, met en place la méthode Limaux qui permet de déclencher la date du premier apport d'azote, sortie hiver.
Elle consiste à multiplier par deux, voire par trois la dose de semences sur un passage, selon les périodes de semis, . « Dans chaque parcelle, j'augmente la densité sur une bande afin d'atteindre environ 300 à 350 grains/m2. Pour les semis de fin septembre-début octobre, que j'implante à 120 grains/m2, je triple la densité. Pour ceux du 25 octobre, je double… », explique Vincent Boucher. Ce dernier opère sur 70 m de long environ dans une zone représentative de la parcelle et sur une largeur de semoir, soit 3 m. Pour cela, il évite les fourrières et sème sa « double densité » entre deux roues de tonneau. « Je tente aussi de placer ces bandes "témoins" proche de la route pour que Bruno Schmitt, le conseiller de notre Ceta, puisse y accéder facilement, car elles servent de référence pour d'autres agriculteurs », avise Vincent Boucher.
Les carences azotées sur cette bande sont détectées avant le restant de la parcelle car il y a une décoloration de la zone. Il faut alors épandre engrais dans la semaine qui suit sur la totalité de la parcelle. Dans ses limons battants argileux, il prête attention à la bande à partir du 15-20 février, une fois que la végétation a repris. Généralement, le premier passage est réalisé entre le 1er et le 19 mars.
Si cette technique permet dans l'ensemble de confirmer la date du premier apport, il arrive que l'agriculteur n'en tienne pas compte et intervienne avant que les blés jaunissent. « Quand le temps est parti pour être sec, j'apporte de l'azote dès que 10-15 mm de pluies sont annoncées, mais toujours à partir de mars, pas avant ! », détaille l'exploitant. Ainsi, l'azote va pouvoir descendre dans les premiers centimètres du sol et être disponible pour la plante.
SIMPLE, RAPIDE ET PEU ONÉREUSE
Le stade du blé intervient aussi dans la prise de décision. Pour des semis de fin novembre au stade 2-3 feuilles/ tallage, par exemple, Vincent Boucher n'apporte pas d'azote à cette période car les plantes ne seront pas en état de le consommer. Ce premier apport précoce est, en effet, normalement réalisé quand les blés présentent un tallage très avancé, voire quand ils sont au début du stade redressement.
Vincent Boucher, qui fait partie du réseau des fermes Farre (Forum des agriculteurs responsables respectueux de l'environnement), a une démarche raisonnée globale sur son exploitation que ce soit en termes de produits phytosanitaires que d'engrais. La « double densité » n'est qu'un outil parmi d'autres (voir encadré). « Mais cette méthode, qui ne coûte pas grand-chose et ne prend que quelques minutes à mettre en place, rassure. Elle démontre bien qu'il est nécessaire d'attendre pour réaliser le premier apport d'azote et surtout qu'il ne sert à rien de planifier ses apports à l'avance. ! », souligne l'agriculteur.