« Ce que je ne veux surtout pas, c’est leur faire de la publicité à eux », s’inquiète Dominique Jouandet. Eux, ce sont des militants antispécistes, qui, après avoir pénétré sur son exploitation, ont tenté de libérer une vingtaine de porcs d’un bâtiment de 180 places. Une action diffusée en live sur Facebook.

 

Mais le plus remarquable dans cette histoire n’est pas la fureur des activistes, ni même l’illégalité de leurs actes ou leur talent en matière de communication. Non, ce qui rend cette histoire digne d’être écrite, c’est la sérénité avec laquelle le producteur la raconte, et qui prend sa source dans la conscience d’un travail bien fait.

« Je suis supercontent »

Dominique élève, avec ses trois associés et leurs sept salariés, 490 truies. Logées sur paille dès les premiers signes de gestation, elles produisent environ 11 000 porcelets par an, qui partent dans la filière Blanc Bleu Cœur. Les truies de réforme, quant à elles, sont commercialisées sous label rouge.

 

Et l’attention de ces agriculteurs au bien-être animal se ressent jusque dans la vidéo par laquelle les militants ont voulu dénoncer leurs pratiques. « Les animaux sont beaux, ils jouent, ils ont de l’espace. Donc ça ne me gêne pas. On n’a pas du tout l’impression d’une concentration », se félicite Dominique Jouandet.

Pour un peu, on dirait que les membres de l’association ont rendu service à Dominique. « Si j’avais dû faire une vidéo de promotion de mon propre élevage, j’aurais fait la même chose. Je suis supercontent de ce qu’on voit », se réjouit-il.

Tous les producteurs n’ont pas la même chance

Dominique et ses associés ont vu les militants arriver de loin. « On a aperçu quatre voitures suspectes passer devant les bâtiments, et on a pu rapidement appeler la gendarmerie. » L’un des associés de Dominique a tenté de prendre le téléphone qui filmait, mais il a été rattrapé par les militants. L’incident s’est terminé dans le calme, avec l’arrivée des gendarmes, et sans dégâts pour l’exploitation.

 

« Nous avons transmis nos photos aux forces de l’ordre, et nous allons porter plainte pour violation de domicile », explique Dominique. Sous la confiance qu’il affiche dans ses pratiques, quelques inquiétudes, cependant, se dessinent. « Que se serait-il passé si nous n’étions pas intervenus ? » s’interroge-t-il.

 

Car à quelques kilomètres de là, dans un élevage de dindes, un collègue n’a pas eu la même chance. Faisant suite à la visite de la même association, le même jour, près de 1 000 dindes sont mortes. « Mon conseil aux éleveurs, dans ces cas-là, c’est de prendre des photos et d’appeler tout de suite la gendarmerie », rappelle Dominique.