« L’agriculture et la forêt sont les seuls secteurs d’activité capables de stocker du carbone. C’est une spécificité que nous avons souhaité valoriser au bénéfice des agriculteurs. L’objectif n’est pas d’organiser la décroissance de l’agriculture mais de valoriser sa contribution environnementale positive, tout en continuant à produire.
Créée en 2019, la certification bas carbone est un atout pour commercialiser les crédits carbone sur le marché contractualisé (1). Elle assure en effet aux acheteurs une traçabilité complète avec une connaissance fine des leviers actionnés dans les exploitations et de leurs impacts favorables sur la biodiversité, la qualité de l’eau et de l’air.
Des changements rémunérés
Après un premier appel d’offres portant sur 300 exploitations d’élevage bovin ou de polyculture-élevage, le second, qui concerne cette fois 1 500 exploitations, a été notifié et validé le 4 mars par le ministère de la Transition écologique. Étendu depuis juillet 2021 aux grandes cultures, le dispositif sera appliqué fin 2022 aux systèmes ovins et caprins, puis se mettra en place rapidement en porc, arboriculture, et viticulture.
La démarche est basée sur un diagnostic d’exploitation puis sur l’élaboration d’un plan d’action destiné à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ce sont les changements de pratique mis en œuvre dans les fermes qui sont rémunérés. Pour une exploitation de polyculture-élevage, les retours financiers sur cinq ans se chiffrent actuellement entre 20 000 et 30 000 €. 40 % de l’argent est versé au bout de deux ans à l’issue d’un état des lieux à mi-parcours, le solde au bout de cinq ans.
Un gain supplémentaire, lié à la réduction du coût de production et à l’amélioration de l’efficience technico-économique, est également enregistré : selon une enquête réalisée dans des exploitations laitières engagées dans le premier appel à projet, il est estimé à 15 € les 1 000 litres de lait.
Contractuelle et volontaire
La labellisation bas carbone est un moyen pour l’agriculture de faire financer la transition écologique par les autres secteurs d’activité. C’est une opportunité à saisir dans le contexte géopolitique actuel où développer nos systèmes de production avec le moins d’intrants possibles est plus que jamais d’actualité.
L’outil offre aussi aux agriculteurs des arguments pour communiquer autrement avec le grand public. Être capable de dire combien la ferme nourrit de personnes, combien de kilomètres de haies sont entretenus chaque année, permet de parler différemment de son métier.
Contractuelle, cette démarche doit rester volontaire, pour qu’elle continue à générer une valeur ajoutée pour l’exploitation. Elle ne doit pas être intégrée au socle de la Pac ou être considérée comme un futur accès au marché. »
(1) Il existe deux marchés pour les crédits carbone : un marché réglementé international, géré par les États et concernant les entreprises qui doivent obligatoirement compenser leur bilan carbone négatif, ainsi qu’un marché contractualisé en France sous l’égide du ministère de la Transition écologique où les acheteurs sont des entreprises, voire des collectivités.