De plus, en France et en Europe, certains producteurs de tests de dépistage du coronavirus Covid-19 se plaignent de problèmes d’approvisionnement en réactifs, souvent importés. Ils prévoient même une pénurie. Jean-Louis Hunault précise que sur les quatre adhérents du SIMV prêts à produire des tests, seul un a mentionné cette problématique. Les trois autres ne semblent pas craindre de problème d’approvisionnement.
Habitués à traiter des volumes importants
Le gouvernement ne saisit pas non plus la main tendue par les laboratoires d’analyses vétérinaires. Ces derniers sont dotés d’équipements leur donnant la possibilité de réaliser des tests de dépistage à grande échelle. Et leur personnel est formé à traiter des quantités importantes de tests.
Le 25 mars 2020, les présidents des départements de l’Indre-et-Loire, de la Sarthe, du Maine-et-Loire et de la Loire-Atlantique ont adressé un courrier au ministre de la Santé, Olivier Véran, en l’enjoignant d’utiliser les capacités d’analyse d’Inovalys, un laboratoire d’analyses vétérinaires.
Bruno Caroff, le directeur général d’Inovalys, a d’ailleurs préréservé des réactifs pour réaliser ces tests. « Compte tenu des épizooties, nous avons l’habitude traiter d’importants volumes de PCR (1), comme ça a été cas durant l’influenza aviaire. Nous avons une expertise importante en biologie moléculaire, des locaux sécurisés, du matériel adapté et du personnel formé. »
« 10 fois plus d’analyses » qu’en hôpital
« Nous sommes capables de réaliser 1 000 PCR, donc d’analyser 1 000 tests de dépistage de coronavirus Covid-19 par jour », poursuit Bruno Caroff. Toutefois, le dirigeant du laboratoire ne cherche pas la polémique. Et d’expliquer qu’il se met à la disposition de l’État en dernier recours et si la situation le nécessite.
« Les laboratoires d’analyses (vétérinaires) publics ou privés ont une grande maîtrise des quantités, souligne Jean-Louis Hunault. C’est la différence entre médecine humaine et vétérinaire, où il y a une forme d’industrialisation des processus. Un laboratoire vétérinaire est capable de traiter 10 fois plus de tests qu’un laboratoire dans un hôpital. »
« Le secteur de la médecine vétérinaire possède de vrais savoir-faire qui sont méconnus, et ses moyens sont mobilisables quand il y a une pandémie chez l’homme, mais les autorités ne pensent pas assez à cette ressource », résume le président du Syndicat de l’industrie des médicaments et réactifs vétérinaires.
Des avancées à prévoir ?
« Nous sommes en train d’étudier cette question, a expliqué Édouard Philippe, le 28 mars 2020, en réponse à une question sur la possibilité d’autoriser les laboratoires et l’industrie vétérinaires à produire et analyser des tests. Car, c’est vrai, un certain nombre de tests supplémentaires pourraient être réalisés dans des conditions qui ne seraient pas strictement conformes aux règles que nous appliquons jusqu’à présent qui sont des règles très exigeantes, c’est vrai. »
« Il nous faut donc regarder dans quelle mesure nous pouvons lever ces interdictions, a poursuivi le Premier ministre. C’est quelque chose qui demande un peu d’instruction. […] Nous aurons l’occasion de répondre très rapidement. Là encore, ce qui nous intéresse, c’est de pouvoir trouver des solutions, y compris innovantes en le faisant dans un souci de sécurité sanitaire minimale. » Au ministère des Solidarités et de la Santé, on affirme que ce sujet est actuellement à l’étude.
Une exception française
De son côté, malgré les refus essuyés, Jean-Louis Hunault tente de garder intacte l’enthousiasme des entreprises. Dans d’autre pays, les ressources que proposent les industries et les laboratoires vétérinaires sont déjà employées.
« En Allemagne, la moitié des laboratoires des Länder (équivalent des régions françaises) y bosse déjà, constate Jean-Luc Angot, le président de l’AVF. Huit laboratoires italiens travaillent aussi dessus. C’est une spécificité française difficile à comprendre. On parle toujours du concept “One Health”, pour marier médecine humaine et vétérinaire. Cette dernière a la compétence, la connaissance et la maîtrise des coronavirus. »
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(1) polymerase chain reaction.