Seize adhérents de Tereos, essentiellement du département de l’Oise, ont organisé ce dimanche 31 mars en fin d’après-midi, une manifestation chez François Leroux, président du conseil de surveillance de la coopérative. Ce déplacement faisait suite à deux jours d’échanges par téléphone et par mail entre bon nombre de coopérateurs du groupe sucrier, choqués d’apprendre le 29 mars par courrier, soit deux jours avant le versement de leur deuxième acompte pour leurs betteraves, qu’il manquerait 6 €/t à cet acompte. Les agriculteurs avaient déjà reçu un premier acompte le 30 novembre de 12,5 €/t pour la livraison de leurs betteraves, et s’attendaient à en recevoir un second, équivalent, le 31 mars. Il n’a été que de 6,5 €/t.

 

La garantie de prix de 25 € maintenue

Face à l’inquiétude et aux questions des agriculteurs, le président du conseil de surveillance s’est voulu rassurant. « Comme annoncé lors des assemblées générales, Tereos versera une rémunération globale moyenne de 25 € pour la campagne de 2018-2019, malgré la situation de marché difficile, a-t-il indiqué sur Twitter. Un deuxième acompte vient d’être versé aux coopérateurs à la fin de mars. D’autres versements suivront pour atteindre la garantie de 25 €. »

Pas de précisions sur les échéances

« Nous avions prévenu François Leroux de notre venue, et il nous a reçus cordialement, souligne Arnaud Ferry, agriculteur à Trumilly (Oise), l’un des manifestants. Nous étions tous des agriculteurs de base, aucun membre d’associations, aucun syndicaliste. Il nous a redit que la branche sucre était en difficulté. Nous lui reprochons surtout le défaut de communication dans cette affaire. »

 

« D’après ses indications, nous en avons déduit que nous allions a priori toucher 3 à 4 €/t de moins par rapport au total de 28 € de l’an dernier, tout compris, prix des betteraves, des pulpes, dividendes, primes de récoltes précoces, primes de récoltes tardives, indemnités de bâchage... Quant aux échéances, nous aurons le règlement des dividendes en juin. Pour le reste, nous n’avons pas obtenu de précision. »

Un enjeu de 120 millions d’euros

« En tant qu’élu du groupe Tereos, j’avais choisi de ne pas me joindre à cette manifestation qui s’était organisée de façon spontanée, explique Olivier Grard, conseiller de la région Picardie Ouest à la coopérative. Mais si nous avions voulu, nous aurions mobilisé beaucoup plus de monde. »

 

Les membres de l’Association de défense des coopérateurs de Tereos, ADCT, ne sont pas non plus intervenus mais ont publié ce 1er avril, un communiqué. « L’enjeu pour les planteurs est de 120 millions d’euros, 20 millions de tonnes de betteraves à 6 €/t, indique Gilles Bollé, l’un de ses membres. Il est vrai que Tereos s’est engagé sur un prix de 25 € en trois apports. »

 

« D’habitude, nous avions le solde de l’engagement en mars, le reste en septembre correspondait au plus dégagé. Compte tenu de la situation économique difficile et des moins bons rendements que d’habitude, les agriculteurs tablaient vraiment sur cet apport de trésorerie et ils n’ont été prévenus que deux jours avant le versement ! »

 

L’ADCT met une nouvelle fois l’accent sur la gestion de la coopérative. « On nous explique depuis des mois que Tereos va bien en faisant référence à son Ebitda et à son chiffre d’affaires net, souligne-t-elle dans le communiqué. Si Tereos va bien, pourquoi limiter ce second versement à 6,5 € ? »

 

Et de poursuivre « François Leroux, le conseil de surveillance et le directoire avaient maintes et maintes fois prétendu avoir la confiance des banques, et là Tereos n’est pas capable d’avoir une avance de 120 millions d’euros de la part des banques pour payer ses coopérateurs ? »