Depuis octobre dernier, les cours du colza ont connu peu de mouvement, restant autour de 420-450 euros la tonne sur le marché européen. Le principal élément d’influence à noter est la production de soja au Brésil, qui a connu une sécheresse automnale importante au moment des semis. « Les rendements sont décevants pour les premières surfaces implantées, mais la production a pu être rattrapée grâce au retour des pluies pour les semis plus tardifs », explique Maxence Devillers, analyste chez Argus Media-Agritel.

Depuis octobre dernier, les cours du colza évoluent entre 420 et 450 euros la tonne sur le marché européen.

Une récolte de soja brésilienne au rendez-vous

La récolte brésilienne de soja est finalement au rendez-vous, à 155 millions de tonnes. D’une manière générale, l’Amérique du Sud s’en sort bien, puisque l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay affichent eux aussi une bonne production. « On observe donc une détente de l’ensemble des prix du complexe graine-huile-tourteau pour le soja, ce qui enlève un élément de soutien au colza », estime Maxence Devillers.

Un autre facteur qui empêche les prix du colza de progresser significativement est le niveau des importations européennes. La récolte australienne va prochainement arriver sur le marché européen et l’Ukraine reste toujours un partenaire privilégié de l’Union.
Ce pays a d’ailleurs battu un record d’exportations mensuel en décembre dernier, avec une petite part de graines et huiles. « Tous modes d’expédition confondus, l’Ukraine a exporté 7 millions de tonnes de grains, dont 330 000 tonnes de colza », précise l’analyste.

Des craintes pour 2024

De son côté, l’huile de palme n’est pas actuellement un driver important du marché du colza, même si les prévisions à la baisse de la production en Malaisie ont légèrement influencé les cours de la graine à court terme. « La publication du dernier rapport du MPOB (Office de l’huile de palme de Malaisie) ne change pas fondamentalement les choses, car il y a du stock en Malaisie et chez les importateurs », estime Maxence Devillers.

Le phénomène climatique El Niño est de nature à davantage influencer le marché, mais il faudra attendre l’été prochain pour connaître son impact réel sur le rendement des palmeraies. « Il semblerait être plus faible que ce qui était prévu », précise-t-il. Et l’analyste d’affirmer : « En définitive, le marché du colza n’a pas tant baissé que cela ces derniers mois, malgré des facteurs plutôt baissiers ou neutres. Il aurait pu l’être davantage s’il n’y avait pas des craintes pour la récolte de 2024 en Europe. »

Les surfaces semées en colza à l'automne 2023 sont globalement en recul, notamment en Europe de l’Est.

En effet, les surfaces semées sont globalement en recul, notamment en Europe de l’Est (Pologne, Roumanie). Des questions se posent également en Ukraine avec de possibles retournements au printemps, en raison de la sécheresse automnale et des possibles problèmes de levée.

Enfin, les excès d’eau de cet automne 2023 pourraient avoir un impact sur les rendements, bien qu’il soit encore trop tôt pour l’affirmer. « Si ces hypothèses se confirment, le besoin en importation pourrait être plus important », conclut Maxence Devillers.