Il y a un an, l’Ukraine venait de récolter des volumes records en blé, maïs et tournesol. L’Ukraine aurait dû représenter 13 % du commerce mondial de blé (quatrième rang mondial), 17 % de celui du maïs (troisième rang) et 60 % de celui d’huile de tournesol (premier rang). À cette époque, une bonne partie des blés ukrainiens étaient expédiés vers l’Asie et l’Afrique, et le maïs et l’huile de tournesol n’avaient que partiellement pour destination l’Union européenne (UE).

L’arrêt brutal des exportations du pays via ses ports de la mer Noire a remis en cause cette structure des marchés. Le blé Fob Ukraine a alors atteint un record de 395 $/t le 4 mars 2022, tandis que le blé français atteignait 465 $/t (420 €/t). D’importants volumes de maïs et de tournesol étaient encore dans les infrastructures de stockage.

Le secteur agricole ukrainien a donc dû s’adapter, et de nouvelles routes d’exportations vers l’UE se sont alors mises en place à partir du mois d’avril. La Roumanie, la Pologne, la Slovaquie et la Hongrie ont ainsi commencé à voir arriver du maïs et du tournesol ukrainiens (et du blé à partir de l’été), une situation encore en vigueur aujourd’hui.

L’Ukraine a perdu des parts de marché

La mise en place du corridor maritime ukrainien en juillet dernier a permis d’accélérer les exportations du pays. Les prix des céréales sont alors progressivement redescendus à leur niveau de la fin de 2021. Mais la place de l’Ukraine sur le marché mondial a été durablement affectée par les conséquences du conflit. D’une part, le corridor maritime peut être remis en cause à tout moment par la Russie. D’autre part, les capacités de production, industrielles et d’exportation du pays sont amoindries. La Russie a vu son rôle se renforcer sur le marché du blé. Avec une récolte en 2022 record, elle devrait représenter 24 % des exportations mondiales de blé.

Même si l’UE, l’Australie, les États-Unis (USA) et l’Argentine jouent toujours un rôle important, le monde est plus que jamais dépendant des blés russes. Les échanges mondiaux du maïs se voient, quant à eux, concentrés au départ des USA, du Brésil et de l’Argentine. Le moindre accident de récolte outre-Atlantique a ainsi des conséquences plus marquées qu’avant-guerre sur les volumes disponibles pour le marché mondial. Enfin, l’Ukraine a vu ses exportations de tournesol multipliées par dix, ces dernières remplaçant partiellement la baisse de celles d’huile de tournesol. L’impact durable de la guerre sur la trituration ukrainienne soutient les cours du tournesol en Europe, où la surface devrait dépasser 5 millions d’hectares pour la seconde année consécutive, un record.