Les prix des céréales ont violemment corrigé à la baisse cette semaine, la chute étant la plus marquée pour le blé.
Les blés de qualité moyenne rattrapés par la lourdeur du bilan mondial
Le blé rendu Rouen a dévissé de 8 €/t au cours des sept derniers jours, à 163,75 €/t, retrouvant son niveau de fin de juin. Les autres places françaises sont à l’avenant (entre –8 €/t et –10 €/t selon les lieux), tandis qu’Euronext se replie à 170,25 €/t pour l’échéance de septembre (–9,25 €/t). Plusieurs éléments justifient cette forte baisse. La hausse des semaines précédentes avait en effet été alimentée par la flambée des prix des blés de printemps US, liée à la sécheresse qui sévit sur la zone de production de ces blés de haute qualité dans le nord des États-Unis et au Canada. Toutefois, si le bilan mondial de blé à haute teneur en protéines s’annonce effectivement très tendu, ce n’est pas du tout le cas pour les blés de qualité moyenne à basse qui disposent de stocks importants aux États-Unis, en Australie et surtout en Russie (où la récolte s’annonce à nouveau pléthorique).
Ainsi, la hausse se poursuit logiquement sur le marché de Minneapolis (où est coté le Hard Red Spring, blé de printemps US), mais les blés de qualité moindre jettent l’éponge : le Hard Red Winter (blé d’hiver états-unien) plonge de 17 $/t sous la pression de la récolte en cours et de son manque de compétitivité, tandis que le blé fourrager ukrainien cède 9 $/t.
Dans ce contexte, la baisse du blé français lui permet de revenir au contact de son principal concurrent, le blé russe, condition nécessaire à l’origine tricolore pour décrocher les exportations indispensables à l’équilibre de son bilan. Le blé français a d’ailleurs réussi à décrocher 60 000 tonnes (60 kt) dans le dernier achat passé le 18 juillet par le Gasc égyptien, contre 120 000 tonnes pour le blé roumain et le même volume pour le blé russe. La pression sur les prix français est en outre renforcée par l’avancée de la récolte dans l’Hexagone, qui confirme un niveau décent tant en volume qu’en qualité pour de larges zones de production.
Décrochage de l’orge fourragère, résistance de l’orge brassicole
L’orge fourragère subit le même sort que le blé et cède 6 €/t en une semaine sur le rendu Rouen. Outre l’effet blé, le prix de l’orge est également sous l’effet de la bonne récolte en France. Par ailleurs, le match France-Russie semble bel et bien lancé pour la conquête du marché saoudien : exprimée en prix Fob et en dollars, l’origine française a perdu 6 $/t cette semaine face à une offre russe qui voit son prix remonter de 4,5 $/t.
Cela amène les deux origines au coude-à-coude, à environ 167 $/t Fob. Cette convergence survient juste au moment où l’Arabie Saoudite (qui pèse près d’un tiers des importations mondiales d’orge) a lancé un appel d’offres de 1,5 million de tonnes pour livraison en septembre-octobre. L’orge brassicole, elle, résiste. L’orge de printemps ne perd que 2 €/t en Fob Creil, à 195 $/t, tandis que les orges brassicoles d’hiver sont quasi stables, à 164 €/t.
Le maïs français réduit sa prime face à ses concurrents
La baisse touche aussi le maïs. Le Fob Bordeaux perd 5 €/t, à 158 €/t. Le temps moins chaud et le passage d’averses sur la France rassurent les opérateurs concernant le potentiel de la récolte à venir. Par ailleurs, les rapports de compétitivité actuels laissent présager de fortes importations de maïs brésiliens et ukrainiens dans l’UE, ce qui pourrait conduire à un léger alourdissement des bilans français et hongrois malgré des récoltes qui ne s’annoncent pas extrêmement volumineuses. Face à la poursuite de la baisse des prix au Brésil, qui est en train d’engranger une récolte record, et l’effritement des prix US (sur fond de prises de bénéfices de la part des fonds à Chicago, la météo restant assez hostile dans la Corn Belt en pleine floraison du maïs), le maïs français suit donc le mouvement baissier.
À SUIVRE : météo sur le nord des USA et au Canada (impact sur les blés de printemps), avancée de la récolte de céréales en Ukraine et en Russie, météo pendant la période de floraison du maïs aux États-Unis et en Ukraine, impact de la canicule sur les orges de printemps en France
Soja : forts mouvements de prix qui s’annulent
Les prix du soja à Chicago ont joué au yoyo cette semaine et finissent quasi stables par rapport aux cotations de la semaine dernière, à 372 $/t (–1 $/t). Les conditions climatiques sur les plaines US restent sèches et chaudes, ce qui préoccupe les opérateurs. Par ailleurs, les ventes sur le rapproché continuent d’être significatives, avec encore 400 000 tonnes vendues la semaine passée. Il est à noter aussi la révision à la baisse de la récolte 2016-17 de soja en Argentine, où le ministère annonce maintenant 55 millions de tonnes (contre 57 précédemment).
Aux USA, les « crop ratings » (état des cultures) sont en effet légèrement inférieurs à l’an dernier (62 % de bons à très bons, contre 71 % l’an dernier). Les prévisions météorologiques n’annoncent pas de trêve, ce qui soutient donc les cours. Néanmoins, l’état des plants reste jusqu’à présent très correct, proche de la moyenne des dernières années.
Dans un climat d’incertitude et alors que le décisif mois d’août approche, les opérateurs hésitent donc à se positionner sur un « weather market » nerveux. Si les conditions sont correctes le mois prochain, les cours devraient reculer, au vu de l’ampleur des récoltes attendues.
Les bons résultats de la récolte française pèsent sur les cours du colza
Les cours du colza reculent nettement cette semaine, malgré la bonne tenue du soja et du pétrole. Ainsi, la cotation rendu Rouen recule de près de 10 €/t cette semaine (à 357,5 €/t), tandis que le fob Moselle perd 8 €/t (à 367 €/t). La chute est aussi visible sur Euronext où les prix reculent de près de 8 €/t pour l’échéance d’août (à 367 €/t). Ce mouvement de baisse est surtout lié aux retours de terrain qui confirment la bonne résistance du colza et des rendements très corrects. La production pourrait s’approcher de 5 millions de tonnes (environ 4,5 prévues avant le début des travaux de récolte).
Au contraire, le cours du canola canadien remonte cette semaine, à presque 405 $/t (+7 $/t). Les cours restent soutenus par les conditions météorologiques défavorables au cœur de la zone de production (fortes températures et manque d’eau). Au Saskatchewan, environ 30 % des oléagineux (surtout canola) sont considérés comme en retard, tandis que 65 % des sols sont estimés secs à très secs. Si les conditions ne s’améliorent pas rapidement, les rendements pourraient en pâtir (le mois d’août est décisif).
Les prix du tournesol à Saint-Nazaire remontent cette semaine de 5 €/t, à 350 €/t. Les cours sont soutenus par la bonne tenue des prix de l’huile.
Net recul pour les tourteaux européens
Les tourteaux de soja reculent légèrement aux USA, où les prix perdent cette semaine environ 4 $/t par rapport à la semaine précédente (à 364 $/t). La baisse est plus marquée à Montoir, où les prix des tourteaux de soja reculent de 11 €/t (à 317 €/t).
Le prix du pois fourrager départ Marne perd 5 €/t cette semaine (à 205 €/t), tandis que le cours du pois jaune recule de 10 €/t rendu Rouen (235 €/t).
À SUIVRE : fin de la récolte UE et ukrainienne (colza), conditions climatiques au Canada, en Australie et aux États-Unis (soja).