Les prix des céréales ont légèrement progressé cette semaine, sur fond d’inquiétudes persistantes pour la récolte US de blé de printemps et de prévisions météo plutôt défavorables au maïs en Ukraine, aux USA et dans une partie de l’UE.
Le blé change de braquet
Cette semaine, la pente s’est adoucie dans l’ascension des prix du blé. Il faut dire que l’échappée US a changé de braquet : après avoir gagné 20 $/t en deux semaines, les prix des blés d’hiver états-uniens se sont stabilisés, voire ont fléchi légèrement. Derrière, le peloton a lui aussi modéré son allure, avec une hausse de 2 €/t seulement pour le rendu Rouen, à 171,75 €/t et du quasi-surplace pour le Matif à l’échéance de décembre, à 184,75 €/t le 12 juillet. Seule l’Ukraine poursuit son effort (+4 $/t) en raison d’une récolte tardive compliquant la tâche des exportateurs.
Le marché mondial reprend ainsi son souffle après avoir gravi un col de première catégorie, dopé par des prévisions de récoltes de blé de printemps américains fauchées par la sécheresse. Le rapport du ministère de l’Agriculture états-unien (USDA) paru le 12 juillet a entériné l’effondrement de la production en blé de printemps et en blé dur US, mais a alourdi le bilan de blés d’hiver de ce pays. Ajouté à une production russe très prometteuse, cela écarte tout risque de manque de blé de qualité meunière moyenne en 2017-18.
Les achats égyptiens seront un autre élément à suivre de près : d’un côté, le Gasc (opérateur étatique) est de nouveau passé aux achats (115 000 t de blé russe livraison en août), portant à plus de 1,5 Mt ses achats sur juillet-août, un rythme très élevé pour un début de campagne. Mais, d’un autre côté, les autorités ont annoncé vouloir réduire significativement leurs importations en 2017-18, notamment en réduisant la fraude sur le marché de la farine subventionnée.
Du côté de la récolte, les chantiers ont été interrompus par les pluies d’orage en France, tandis que les premiers échos font état d’une qualité très honorable. La principale incertitude porte désormais sur une dégradation potentielle des temps de chute de Hagberg, si l’humidité s’installait durablement dans les zones encore non récoltées.
L’orge dans la roue du blé
Les prix de l’orge de mouture sont restés dans le sillage du blé, gagnant 2,5 €/t à Rouen, à 148,75 €/t. En orge de brasserie, les variétés d’hiver font du surplace, à 163 €/t Fob Creil. La récolte arrive à son terme et s’avère plutôt satisfaisante, en qualité comme en quantité. Cela ne plaide donc pas pour une poursuite de la hausse des prix. Le marché reste plus nerveux en orge de printemps. Ces variétés ont été les plus exposées aux températures très élevées de fin de cycle (impact sur le rendement ainsi que sur la part apte à la brasserie) et sont désormais vulnérables à une éventuelle humidité excessive avant la récolte. Les prix de l’orge de printemps brassicole Fob Creil prend ainsi 2 €/t cette semaine, à 197 €/t. Cela maintient donc une prime brassicole très élevée (50 €/t).
Le maïs produit son effort… sauf en France
Le maïs est, quant à lui, encore loin de la ligne d’arrivée dans l’hémisphère Nord, et les prévisions météo actuelles sont plutôt défavorables alors que s’approche l’étape clé de la floraison dans certains pays. Ainsi, le temps sec fait grimper les prix de 6 $/t cette semaine en Ukraine, tandis que les prix US se réchauffent de concert avec la montée du thermomètre dans la Corn Belt (+5 $/t). Cette hausse s’est propagée au continent sud-américain malgré la bonne récolte en cours dans ces pays (+4 $/t au Brésil et en Argentine).
En revanche, pas de changement d’allure pour le maïs français (à 162,5/t Fob Bordeaux). Exprimé en dollars, le prix français reste en effet le plus élevé du marché et ne répercute donc pas la hausse de ses concurrents du fait des pluies récentes qui ont allégé les craintes de manque d’humidité. Il faudra toutefois suivre la situation en Europe centrale (Hongrie, Autriche, République tchèque et Slovaquie), où le temps chaud et sec menace désormais les cultures.
À SUIVRE : état des blés US et canadiens, qualité des blés en Europe, météo pendant la floraison du maïs aux États-Unis et en Ukraine, rendements des céréales à paille en Russie et en Ukraine
Le prix du soja tiré par la météo
Les prix du soja à Chicago ont continué leur progression cette semaine en gagnant plus de 13 $/t (à 374 $/t). En effet, les opérateurs sont restés préoccupés par la persistance du temps chaud et sec aux USA, alors que les plants de soja arrivent au stade déterminant de la floraison. Par ailleurs, l’USDA a revu en baisse les stocks finaux US prévisionnels en campagne 2017/18 (–1 Mt à 12,5 Mt) en raison de la forte dynamique d’exportation en 2016-17 qui se reporte sur les stocks. Toutefois, le retour des pluies dans certains États US commence à alléger les craintes et à éroder la progression des cours. En outre, la situation mondiale confortable est plutôt de nature à peser sur les prix. Les services de l’agriculture états-uniens ont d’ailleurs révisé en hausse de 0,4 Mt la production mondiale ce mois-ci (à 345,1 Mt), tandis que les stocks finaux gagnent 1,3 Mt par rapport aux prévisions de juin (à 93,5 Mt).
Le colza français est soutenu par le soja et le pétrole
Les cours du colza ont fortement progressé en tout début de semaine, dans le sillage du soja et du pétrole. L’escalade des prix a cependant cessé les jours suivants avec la dévalorisation de la fève, de l’or noir mais également de l’huile de palme. Finalement, les cotations rendu Rouen et fob Moselle auront tout de même gagné 6 €/t chacune sur une semaine (à 367 €/t et 374 €/t respectivement). La progression est encore plus marquée sur Euronext où les prix ont progressé de 7,5 €/t pour l’échéance d’août (à 374,75 €/t). D’après les premiers échos, la récolte française qui a débuté en avance pourrait être meilleure que prévue. Si les volumes moissonnés venaient à dépasser les prévisions actuelles, les prix du colza pourraient réagir à la baisse à court terme.
Le cours du canola canadien a également été soutenu au début de la semaine du fait des inquiétudes liées aux fortes températures et au manque d’eau localement. Les cotations affichent toutefois un léger repli de 3 $/t sur une semaine en raison de récentes ventes et de la baisse attendue de la compétitivité à l’exportation (hausse du dollar canadien). Enfin, le fort déclin d’une année sur l’autre de la production australienne (–26 % selon la fédération nationale des producteurs) empêche également les prix mondiaux du colza de descendre.
Les prix du tournesol à Saint-Nazaire se sont très légèrement repliés de 2,5 €/t sur une semaine, à 345 €/t. En Ukraine, les rumeurs portant sur de possibles altérations des rendements liées au déficit hydrique se sont apaisées. Les conditions, bien qu’hétérogènes, restent globalement favorables au bon développement du tournesol localement.
Les tourteaux suivent les graines
Les tourteaux de soja se sont contentés de suivre la hausse des graines. Aux USA, les prix affichent une prime de plus de 15 €/t par rapport à la semaine précédente (à 374 $/t). La hausse est également notable à Montoir, où les tourteaux de soja se sont revalorisés de 10 €/t (à 328 €/t).
Le prix du pois fourrager départ Marne a progressé de 10 €/t cette semaine (à 210 €/t), tandis que le cours du pois jaune a gagné 6,5 €/t rendu Rouen (245 €/t).
À SUIVRE : déroulement de la récolte UE (colza), conditions climatiques au Canada, en Australie et aux États-Unis (soja)