Rayonnement capté par la plante, somme des températures, eau et éléments fertilisants… Plusieurs facteurs influencent la production de biomasse des couverts d’interculture. « Elle est d’autant plus importante que la durée de présence du couvert est allongée, ce qui dépend de la date de semis et de destruction », indique Pierre-Alban Jacquet, technicien à la coopérative Cerelia.
Conserver l’humidité
En 2016, cette dernière a mené un essai comparant plusieurs dates de semis (25 juillet, 1er août, 15 août et 1er septembre) d’un même couvert d’avoine, moutarde et vesce. « La production de biomasse s’effondre dès lors que le couvert est semé après le 15 août », constate le spécialiste. De 4 tonnes de matière sèche produites par hectare avec un semis le 1er août, la biomasse tombe en effet à 1 t MS/ha pour celui semé le 1er septembre, à date de destruction égale. « Il faut chercher des degrés jours en anticipant au maximum la date de levée, qui conditionne la somme des températures, poursuit-il. Même si le facteur eau joue évidemment sur la vitesse de levée, plus on sème tôt après la moisson, plus les graines ont des chances de bénéficier de pluies, et les plantes profitent des jours d’été plus longs et poussants. »
Et le technicien d’ajouter : « Nous arrivons dans un contexte où les levées ne sont pas faciles, avec des périodes de sécheresse post-moisson ces dernières années. » Conserver l’eau et éviter l’évapotranspiration est un facteur de réussite. « Il vaut mieux, par exemple, faucher haut à la récolte », souligne-t-il. Des chaumes de 10 cm évaporent plus vite que ceux de 30 à 50 cm, comme l’a montré l’étude de MacMaster et al, réalisée en 2000. « Et plus la densité de tiges dressées est importante, mieux l’humidité est conservée, ajoute Pierre-Alban Jacquet. Cela perturbe cependant les prédateurs et la régulation naturelle des campagnols. Des subterfuges peuvent être imaginés, comme laisser des chaumes hauts dans un premier temps, semer au disque droit puis faucher ou broyer les chaumes. Le mulch créé en surface amplifie d’ailleurs la préservation de l’eau. » Quand il est possible, un semis direct présente également un avantage pour limiter le dessèchement du sol.
Choisir le bon matériel
« Les grandes quantités de résidus de récolte sont aussi un frein à l’implantation, complète-il. Si vous semez avec un disque droit, vous risquez de comprimer la paille au niveau du sillon, ce qui entraîne des pertes de levée, tandis qu’un disque incliné aura tendance à soulever la paille qui ne se retrouve pas au fond de la ligne de semis. Le contact graine-terre est meilleur. » Un système à dent produit un effet « chasse-débris » qui permet un bon positionnement de la graine dans le sillon, « mais on dessèche aussi le sol, souligne le spécialiste. Un semis en TCS est également moins intéressant, car terre et paille sont mélangées, et la qualité de levée peut se révéler insuffisante. »
Justine Papin