Les tensions entre la Russie et l’Ukraine, qui s’accumulent depuis la fin de l’année dernière, ont atteint leur paroxysme ces derniers jours. Pour l’instant (16/02/2022), le conflit potentiel n’a pas d’impact sur le chargement et la circulation des navires en mer Noire, malgré le programme de manœuvres navales prévu par la Russie entre le 13 et le 19 février 2022.

 

Le marché reste dans une phase « de spectateur réactif » et « d’anticipation », rapporte Nathan Cordier, analyste chez Agritel.

 

Le bilan de la campagne céréalière en cours en Russie et en Ukraine. ©GFA
Le bilan de la campagne céréalière en cours en Russie et en Ukraine. ©GFA

« Le marché est nerveux, il achète des primes de risque et se prémunit d’un éventuel problème de logistique ou de disponibilité en céréales depuis la mer Noire, indique-t-il. On sent depuis vendredi (11 février 2022) une certaine frilosité des acteurs internationaux à venir contractualiser des origines ukrainienne ou russe, dans la peur d’un éventuel blocus sur la mer Noire », analyse Nathan Cordier.

 

« Les craintes suscitées par les “bruits de bottes” font toujours monter les marchés », ajoute Damien Vercambre, d’Inter-Courtage.

 

Le poids de l’Ukraine et de la Russie sur les marchés internationaux du blé. ©GFA
Le poids de l’Ukraine et de la Russie sur les marchés internationaux du blé. ©GFA

Un risque différent de 2014

La situation est-elle comparable à la crise de 2014, quand la Russie a annexé la Crimée ? « Les marchés avaient été un peu dérangés, avec un surcoût du fret, mais l’Ukraine avait continué d’exporter comme elle pouvait, sachant que le port le plus proche de la Crimée et des territoires pris par les séparatistes n’exporte pas tellement de céréales », se rappelle Damien Vercambre. « Ce sont les plus grosses tensions depuis la guerre froide, renchérit Nathan Cordier. On est sur un risque différent, une échelle un peu plus grande. »

 

Depuis 2014, la position de l’Ukraine et de la Russie sur le marché du blé s’est d’ailleurs renforcée. Pour rappel, la Russie est le premier exportateur mondial de blé, et l’Ukraine le quatrième.

Évolution difficile à prévoir

La suite du conflit reste floue. « On est plutôt dans la désescalade », note Damien Vercambre. Même s’il s’embrasait, les conséquences d’une invasion seraient difficiles à prévoir. « On peut imaginer le pire, comme on peut imaginer des scénarii où les blocus ne se font pas de manière brutale, explique Nathan Cordier. Cela pourrait engendrer des réorientations de flux. Le blé qui n’est pas acheté en Ukraine devra bien être acheté autre part, comme en Europe ou aux États-Unis qui ont encore du blé à sortir à la fin de campagne. »

 

Il reste à l’Ukraine près de 7 millions de tonnes (Mt) de blé à exporter, et la moitié de son objectif en maïs.

 

Le marché du pétrole retrouve, quant à lui, en fermeté, sous l’effet de ces tensions.