En mer Noire, première zone mondiale d’exportation de céréales, le trafic maritime est à l’arrêt. « L’invasion de l’Ukraine crée des inconnues, notamment sur la logistique », a indiqué Philippe Heusele, président de France Export Céréales, le 28 février. « Du fait des opérations militaires, les exportations sont suspendues et, même en cas d’accalmie, elles resteront perturbées par un coût logistique élevé » lié aux assurances, précise l’AGPM.
Depuis le début du conflit, « on observe la hausse de manière spectaculaire du coût de l’énergie et du gaz naturel. Le prix du pétrole Brent a dépassé les 100 $ du baril, a commenté Marc Zribi, de FranceAgriMer. Cette situation entraîne des tensions sur l’offre et la demande mondiale de blé, maïs, orge et huile de tournesol. L’Union européenne et les États-Unis ont par ailleurs adopté un arsenal de sanctions économiques et financières. »
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Si la France ne craint aucune pénurie de grains, la crise ukrainienne pèsera sur le prix du carburant, des transports pour l’exportation notamment ou du séchage des grains, ainsi que sur les engrais. « Les besoins pour cette campagne sont plus ou moins couverts, précise Philippe Heusele. Mais nous n’avons pas de visibilité sur ce qu’on pourra avoir en juin prochain. »
La filière semencière française est aussi très concernée. Certaines entreprises comme Euralis semences (filiale de la coopérative Euralis) et Mas Seeds (Maïsadour) ou encore Limagrain ont investi dans des usines de production sur place, la Russie comme l’Ukraine étant friands de génétique occidentale. Toutes les activités sont à l’arrêt en Ukraine pour protéger les salariés. La filière s’inquiète des répercussions financières et des risques de non-paiement de marchandises déjà acheminées vers ces deux destinations.
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Flambée de l’aliment
Du côté des filières animales, de nouvelles hausses du prix des aliments sont à craindre. « À court terme, nous sommes confiants sur notre capacité à fournir les élevages, rassure Stéphane Radet, directeur du Syndicat national des industriels de la nutrition animale. En revanche, pour les protéines, il va falloir envisager des substitutions au tourteau de tournesol ukrainien, importé à hauteur de 600 000 tonnes chaque année. Ce n’est pas un volume important mais cela permet d’équilibrer les besoins des filières non-OGM. » Si 80 % des matières premières utilisées par les fabricants français sont d’origine nationale, « c’est loin d’être le cas de tous les pays européens, dont certains sont plus dépendants en maïs et en blé. Ils vont donc chercher à constituer des stocks, et ainsi mettre les marchés sous pression. »
Du côté de la filière laitière, Lactalis et Savencia ont ouvert une cellule de crise pour leurs sites respectifs en Ukraine et en Russie. Leurs implantations ukrainiennes sont les plus menacées. « L’activité sur nos sites de Shostka et Pavlograd est ralentie, ces sites ne recevant plus qu’un à trois camions de lait par jour. Celui de Nikolaev est à l’arrêt en raison des zones de combat à proximité », indiquait Lactalis, le 28 février. Le même jour, Savencia était moins inquiète quant à son usine de Zvenigorodka, environ 200 kilomètres au sud de Kiev. « N’étant pas située en zone critique, la fromagerie continue à collecter le lait auprès des éleveurs et à produire des fromages. »