Le blé américain SRW (basse qualité meunière) vient de gagner 2 $/t, et le blé HRW (blé meunier de qualité) 7 $/t. En fait, la situation s’était d’abord détendue aux USA en début de semaine avec les perspectives d’arrivée de précipitations (pluies et neige) sur les plaines du Sud, où se situent les cultures de blé d’hiver jusqu’alors un peu sèches. Mais, jeudi 12 janvier, l’USDA a publié une estimation très basse de la surface de blé d’hiver semé aux USA pour la récolte de 2017. À 13,1 millions d’hectares, il s’agit de la plus faible surface semée depuis 1909. Cet affaissement des emblavements fait suite à l’ampleur des stocks de blé US mais aussi mondiaux. Il était anticipé mais il dépasse les attentes.

Cette situation aux USA, d’une part, des chargements de blé qui restent assez importants en janvier (vers l’Algérie notamment) et qui montent en puissance sur le nord de l’UE, d’autre part, ont soutenu les prix français, qui restent stables malgré la nouvelle remontée de l’euro. Les prix du blé meunier français à Rouen se situent à 168,75 €/t (–0,75 €/t) alors que les prix des blés meuniers gagnaient un peu moins de 1 €/t en Moselle et à la Pallice. Sur Euronext, la cotation mars 2017 se situe à 169,75 €/t (–0,25 €/t par rapport à la semaine dernière). Du côté de la mer Noire, les prix du blé sont restés stables cette semaine, comprimés par l’ampleur des volumes restant encore à vendre et reflétant aussi la bonne couverture neigeuse permettant de protéger les cultures des températures nettement négatives.

En maïs, l’amélioration des perspectives pour les cultures sud-américaines a pesé sur les prix brésiliens et argentins (–1 $/t sur la semaine). Le ministère de l’Agriculture du Brésil a revu à la hausse ses prévisions pour la première récolte de maïs. Les semis de la seconde récolte démarrent déjà là où le soja précoce a été récolté et la production devrait nettement se rétablir par rapport à l’an dernier. En Argentine, un temps plus sec ces prochains jours devrait favoriser la progression des semis. Les prix des maïs français ont suivi la baisse (–1,5 à –2,5 €/t selon les places). En revanche, les prix US ont augmenté (+3 $/t en Fob Gulf) faisant suite à la petite révision en baisse effectuée par l’USDA sur la production et les stocks de maïs US (qui, comme en soja, restent très élevés néanmoins).

En orge, les prix ont évolué en ordre dispersé. En qualité brassicole, les prix se sont affaissés de 2 €/t pour l’orge d’hiver (à 162 €/t) et de 4 €/t pour l’orge de printemps (à 190 €/t). L’abondance de la récolte australienne pèse sur les prix. L’orge fourragère est restée quasiment stable à Rouen (à 141,75 €/t) tandis qu’en Moselle elle se rétablissait (+8 €/t sur la semaine à 140/t) après le creux de la semaine dernière.

Oléagineux : le rapport de l’USDA soutient les cours du soja

Les cours du soja ont stagné pendant une bonne partie de la semaine, avant de rebondir hier suite à la publication du rapport mensuel de l’USDA. L’agence américaine a diminué son estimation de production 2016 aux USA de 1,5 million de tonnes (Mt) à 117,2 Mt, ce qui réduit les stocks de fin de campagne d’autant, à environ 11,5 Mt. Ainsi, bien que ces stocks restent prévus à un niveau élevé, le cours du soja à Chicago est monté à 379 $/t hier soir (+10 $/t par rapport à la semaine dernière). La production a toutefois été revue en hausse par l’USDA au Brésil à 104 Mt en raison des très bonnes conditions climatiques, ce que confirment les sources locales. Les opérations de récolte ont commencé dans le nord du pays, profitant d’un climat sec, et les chargements à destination du marché mondial devraient s’accélérer dans les prochains jours.

Face à cet afflux attendu, la demande mondiale reste forte, les importations chinoises ayant notamment augmenté à 9 Mt en décembre (7,8 Mt en novembre). La demande chinoise pour le soja pourrait d’ailleurs être soutenue par la décision d’augmenter les taxes de douane sur les drêches américaines (elles aussi riches en protéines). Les ventes US de soja atteignent déjà 48 Mt (pour une prévision USDA à 56 Mt). Elles devraient ralentir fortement dans les prochaines semaines avec la compétition des fèves brésiliennes. Cela devrait empêcher les cours US de monter, d’autant que les premières prévisions de semis indiquent une nouvelle hausse de la surface de soja au printemps prochain.

Concernant le colza, les cours ont reculé légèrement cette semaine en France. La graine perd ainsi 2 €/t pour le Fob Moselle (à 418 €/t) et 3 €/t rendu Rouen (à 409 €/t). Il en est de même sur le marché à terme Euronext, où le contrat février perd 3,5 €/t sur une semaine (à 414,5 €/t). Les cours sont notamment pénalisés par la remontée de l’euro face au dollar, et par l’accélération des chargements australiens dont une grande partie se dirige vers l’UE. À noter par ailleurs une production d’huile de palme légèrement supérieure aux attentes en décembre. Au Canada, les cours sont quasi inchangés à 374,4 $/t. La demande en canola continue d’être très forte ; toutefois, la torpeur des cours laisse soupçonner une récolte canadienne supérieure aux estimations officielles.

Une inquiétude haussière toutefois en France : une vague de froid intense est attendue dans les jours à venir et pourrait affecter les colzas les plus fragiles.

Les prix français du tournesol sont inchangés cette semaine à Saint-Nazaire (380 €/t), alors que les cours sont toujours sous la pression de fortes disponibilités mondiales, en particulier de la mer Noire. Les fortes exportations d’huile d’Ukraine et de Russie pèsent sur la trituration européenne, ce qui limite la progression des cours de la graine française.

Tourteaux : les cours du tourteau de soja UE de nouveau en recul

Aux USA, les cours du tourteau de soja remontent à Chicago (à 347 $/t), suivant le même mouvement que les prix de la fève. En France au contraire, les prix poursuivent leur recul, perdant 7 €/t à Montoir (à 348 €/t), pénalisés là encore par une remontée de l’euro. Le cours du pois reste à 220 €/t départ Marne (nominal).

À SUIVRE : dégâts hivernaux dans l’hémisphère Nord, conditions climatiques en Amérique du Sud, compétitivité de la mer Noire en blé et orge face aux céréales européennes.

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