Sur l’île la plus peuplée du monde, il y a toujours un Javanais courbé en deux dans un coin du panorama. Coiffé d’un chapeau conique pour se protéger du soleil, il travaille généralement dans une rizière. Labourage, repiquage des plants, moisson : avec deux à trois récoltes par an, les différentes étapes de la culture du riz forment une suite de tableaux d’un dégradé de vert photogénique. Ce décor défile le long de routes encombrées de scooters et de camions, dans un concert de klaxons.
Le centre de Java déborde de vie et, sur un terrain géologique, elle s’avère explosive, abritant plus de trente volcans, dont vingt-huit en activité. À l’ombre du Merapi, considéré comme le plus dangereux d’entre tous, Deno et Yoyok cultivent du manioc, de la cacahuète et de la papaye. « Sur ce sol si fertile, nous avons toujours quelque chose à récolter », témoignent ces deux paysans qui, chaque jour, rangent leur serpe peu avant la tombée de la nuit, vers 18 heures sous ces tropiques.
Borobudur, l’un des plus beaux monuments de Java, se trouve à quelques kilomètres de leur champ. Le plus grand temple bouddhique au monde (photo ci-contre) est particulièrement somptueux au lever du jour. Le coucher de soleil se contemple, lui, sur les temples hindouistes de Prambanan, dont les tours en forme d’épis de maïs se dressent vers le ciel. Ces deux joyaux, classés au patrimoine de l’humanité, se situent de part et d’autre de Yogyakarta, la capitale culturelle et artistique de Java. Après un spectacle de gamelan – les percussions indonésiennes –, ou de wayang – le théâtre d’ombres –, les voyageurs se mêlent aux étudiants qui dînent assis sur les nattes des restaurants de rue.
Le riz demeure la nourriture de base, cuisiné notamment en nasi goreng, du riz frit avec des œufs, des légumes et de la viande ou des crevettes. Les cyclo-pousses attendent le client en fumant des kreteks, les cigarettes au clou de girofle. C’est l’un des parfums de Java, avec la muscade, la cannelle et le poivre, qui poussent à foison dans les plantations, ouvertes pour la plupart à la visite et toujours passionnante.
Mathilde Giard