Les menues pailles contiennent les graines qui sont les adventices de demain. Un problème en agriculture conventionnelle mais aussi et surtout en agriculture biologique. Les menues pailles représentent aussi une source de biomasse qui peut être valorisée en litière, dans un méthaniseur ou dans une chaudière. Plusieurs constructeurs ont développé des techniques alternatives à l’éparpillage des menues pailles. L’objectif, selon les solutions, est de récupérer la menue paille pour une valorisation ultérieure ou de détruire les graines d’adventices.

Une trémie de plus

Une des premières techniques ayant vu le jour en France est le récupérateur de menues pailles. Alain Bon, entrepreneur de travaux agricoles ardennais et inventeur, a développé la première solution, aujourd’hui commercialisée sous la marque Bionalan.

Le premier prototype développé en 2006 est entraîné par des pignons et une chaîne depuis les organes de secouage. À la base, il comprend une petite trémie placée transversalement dans le prolongement des grilles de ventilation. Toutes les menues pailles tombent dedans et sont reprises par deux vis : une horizontale dans le fond de la trémie et une verticale à son extrémité. Cette seconde vis achemine le produit jusqu’à une grosse trémie de 7 m3 placée sur la hotte de la moissonneuse. La trémie repose sur deux charnières et deux vérins. Elle se vide en quatre secondes à la manière d’un gros godet dans une remorque qui vient se placer transversalement à l’arrière de la moissonneuse.

Au fil des années, Alain Bon a perfectionné son invention. Le nouveau récupérateur affiche une capacité de 24 m3. Pour le transport de la menue paille, les deux vis sans fin sont remplacées par une chaîne, qui tourne en continu. Elle avance à la vitesse de 14 m par minute et est équipée de pales disposées à intervalles réguliers. Ces pales sont montées par paires et poussent la matière avec la tranche. Le dispositif récupère le produit à la sortie des grilles et le conduit vers une vis sans fin, située au centre de la trémie. Par rapport au système précédent, celui-ci n’utilise plus qu’une vis sans fin. Le poids total du dispositif de récupération est donc diminué d’autant, ce qui se répercute sur le prix de vente de la machine. Le tout est animé hydrauliquement et la puissance requise pour entraîner l’ensemble est relativement faible. Le système de déchargement a été simplifié. Ainsi, l’opération est réalisée par deux vérins, au lieu de quatre.

Cette solution se monte sur toutes les moissonneuses-batteuses mais, attention, l’installation d’un tel dispositif annule la garantie de la machine. Il faut donc procéder à cette adaptation en connaissance de cause.

Une solution sur maïs

En France, l’idée de récupérer rafles et feuilles de maïs séduit aussi les agriculteurs qui valorisent la biomasse, en particulier pour la litière du bétail. Il n’est pas encore question de presser directement derrière la moissonneuse mais le récupérateur de menues pailles a également son rôle à jouer pour cette culture. Les premiers tests réalisés dans les Yvelines ont été satisfaisants, mais il reste à trouver une solution pour reprendre, conditionner et transporter les résidus ainsi collectés.

Andainer ou presser

Afin de se séparer de cette trémie greffée à la moissonneuse-batteuse, qui pose un problème pour la garantie de la machine, Thiérart lance une solution de trémie traînée. Celle-ci repose sur un essieu et est attelée à la moissonneuse comme un chariot de coupe. Les menues pailles y sont transférées. La vidange de cette trémie est effectuée grâce à un tapis. La trémie peut aussi être dételée. Les menues pailles sont alors transférées vers l’andain de paille central. Elles peuvent ainsi être pressées ou exportées. Le constructeur propose un système de transfert par tapis vers la presse pour les agriculteurs qui moissonnent et pressent leur paille en un seul passage.

Des broyeurs spécifiques

Si l’exploitant n’exporte pas sa paille, une technologie alternative a récemment vu le jour. Née en Australie, l’idée de détruire les menues pailles avec la moissonneuse a fait son chemin jusqu’en Europe. Les fabricants espèrent y vendre les premières unités car, aujourd’hui, les broyeurs arrivent au terme de la phase de présérie. Le constructeur d’accessoires de récolte Zürn commercialise l’un des systèmes australiens. Baptisée Seed Terminator, l’unité est positionnée à la sortie des grilles. Elle fonctionne comme un moulin. Les menues pailles sont conduites vers un organe composé d’un rotor et d’un stator. Le premier est muni de pâles en son centre et de plusieurs rangées de doigts à son extrémité. Il tourne entre 2 200 et 3 000 tr/min. Le stator, lui aussi pourvu de rangées de doigts, est situé entre celles du rotor. Les graines, poussées entre les deux par les pâles, sont broyées et écrasées avant d’atteindre la sortie. Le flux est ensuite évacué vers le sol sans risque de germination.

Ce système s’avère toutefois gourmand en puissance. Il occupe entre 40 et 100 ch du moteur de la moissonneuse. Les constructeurs se démarquent d’ailleurs par la stratégie choisie pour entraîner le mécanisme. Le Seed Terminator et le SCU de Redekop voient simplement leurs poulies d’entraînement se greffer sur celle du broyeur à paille. Ainsi, les broyeurs de menues pailles peuvent être transférés facilement d’une machine à l’autre, lors d’un renouvellement par exemple.

La solution d’IHSD disposait, dans sa version antérieure, de son propre entraînement hydraulique. Celui-ci nécessite d’installer la pompe et le système de refroidissement sur la moissonneuse. Sur son dernier modèle, IHSD adopte finalement le même entraînement par courroie que ses concurrents. De tels équipements n’affectent pas la performance de nettoyage des grilles, puisqu’ils sont conçus pour ne pas entraver le flux d’air des vents.

Les constructeurs annoncent détruire jusqu’à 97 % des graines échappées des grilles sans augmenter les pertes de la machine. Il est toutefois nécessaire de prendre en considération la puissance allouée au broyage des menues pailles lors de la réalisation du chantier.

Un aspirateur

Toujours dans l’optique de détruire les graines d’adventices, Jean-Charles Grandon, agriculteur à Saint-Jean-de-Sauves (Vienne), a fait appel à Gyrax pour concevoir un aspirateur de menues pailles. Le constructeur a développé une double turbine, composée de deux éléments placés côte à côte sur la largeur de la remorque. Cette double turbine est accolée à un caisson rectangulaire, ouvert à sa base et qui sert de tête d’aspiration. La hauteur du caisson est réglable grâce à des vérins hydrauliques. Pendant le travail, il repose sur deux doubles roues de jauges qui suivent le terrain. La dépression créée par les turbines à l’intérieur du caisson entraîne les menues pailles vers une goulotte centrale qui projette la matière dans la remorque. Pour éviter que le produit ne ressorte, tout le dessus de la caisse est refermé par des tôles perforées ne laissant passer que l’air et la poussière.