Philippe Balmes, à la tête de 52 prim’holsteins avec son frère à Saint-Cirq-Lapopie, dans le Lot, a tenté une expérience innovante pour réduire « le temps improductif » de ses luzernières qui entrent en dormance pendant l’hiver. Il a implanté un mélange d’avoine, de vesce et de pois au mois de novembre dernier. « J’aurais souhaité le faire un mois plus tôt, mais la météo n’était pas propice », souligne-t-il.

À la mi-mai, le mélange fourrager n’était pas récolté. « Il a souffert des à-coups de températures, observe-t-il. Les plantes se sont desséchées et certaines ont gelé. Mais je pense récolter 2 à 3 t de MS/ha. L’avoine devrait être profitable à la conservation du fourrage qui pourrait atteindre 18 % de MAT. »

Élargir les solutions

À la sortie de l’hiver, la parcelle se présentait bien. « La luzerne est en retard par rapport à d’habitude », jugeaient Grégory Cagnac et Fabien Bouchet-Lannat, conseillers à la chambre d’agriculture qui suivent les essais. L’avoine et la vesce étaient présentes en abondance, tandis que le pois était un peu plus discret. « Reste à savoir comment se comportera la luzerne après la récolte, interroge Fabien Bouchet-Lannat. Sera-t-elle aussi productive que les autres années ? » Quel sera le bilan économique de l’opération, sachant que l’implantation nécessite un semoir de semis direct (détenu en Cuma). Dans tous les cas, Philippe compte bien renouveler l’expérience. Son exploitation cumule de nombreux handicaps (parcellaire aux terres très hétérogènes, dispersées et éloignées du site de la stabulation). S’il a déjà mis en place de nombreuses pratiques pour sécuriser son système fourrager, il souhaite élargir le panel des solutions.

« Je sème déjà un méteil à l’automne, explique-t-il. Le mélange est composé de blé d’avoine et de pois et vesce. Ce couvert, récolté en enrubannage, apporte régulièrement 8 t de MS/ha et conforte la ration en protéines. » Dans la foulée, Philippe implante un mélange d’été composé d’avoine brésilienne et de colza. En fonction de l’éloignement de la parcelle, celui-ci est affourragé en vert ou pâturé dans les deux mois qui suivent le semis lorsque la pluviométrie est au rendez-vous. Ces cultures constituent un fourrage de bonne qualité à moindre coût. L’ensilage de maïs, fourrage de base, est lui aussi sécurisé en implantant du sorgho (un rang sur deux dans la culture).