«En élevage bio, la gestion des maladies repose sur la prévention. Elle peut toutefois être difficile à mettre en œuvre et les références manquent », rappelle Catherine Experton, coordinatrice du projet Casdar Otoveil (1), démarré en 2016. Il visait à caractériser la notion d’équilibre sanitaire dans les élevages de ruminants.

En pratique, cinq élevages - de fermes expérimentales ou de lycées agricoles -ont alimenté la base de données d’Otoveil.Tous les facteurs qui influencent la santé des animaux (logement, abreuvement, équilibre microbien, gestion du pâturage, génétique, climat et saisons) ont été mis à plat et les enregistrements passés au peigne fin sur une longue période. Quinze ans dans le cas du troupeau allaitant (68 limousines et leur suite) de Thorigné-d’Anjou (Maine-et-Loire).

« Entre 1998 et 2015, 885 pathologies digestives avaient été enregistrées. C’est de loin la catégorie la plus représentée, précise Thierry Mouchard, conseiller technique à l’Itab. Viennent ensuite les problèmes respiratoires (174), locomoteurs (76), puis les pathologies néonatales (54) et de reproduction (34). » De manière encore plus précise, deux épisodes de déséquilibre sanitaire ont été identifiés. Le premier en 2001 avec un nombre élevé de diarrhées sur les veaux. Le second en 2005 avec d’importants problèmes respiratoires (strongles pulmonaires et broncho-pneumonie).

Cinq grilles disponibles

Au total, l’Itab propose cinq grilles « panse bêtes » correspondant aux productions bovine (lait et viande), ovine (lait et viande) et caprine (lait). « Ce sont des outils de surveillance et de prévention. Ils peuvent être utilisés pour un diagnostic complet de la situation sanitaire de l’élevage - sur une campagne par exemple - ou/et en cas de problème avéré, précise Thierry Mouchard. Par exemple, lorsque le seuil d’alerte sur la mortalité des chevrettes est atteint, l’éleveur est renvoyé à la page “Thèmes à aborder - Questions à se poser”. Ces dernières vont concerner le colostrum (Sa prise est-elle immédiate ? La quantité bue est-elle suffisante ? Sa qualité est-elle contrôlée ?), le bâtiment (Son hygiène générale est-elle correcte ? Est-il désinfecté ? Ensemencé avec une flore lactique non pathogène ?), la qualité de l’alimentation ainsi que celle de l’eau (Y a-t-il un contrôle bactériologique régulier ?) ou encore les soins et traitements apportés (Un protocole existe-t-il ? Est-il suivi ?). »

En dehors de la version papier, les grilles « panse bêtes » sont également disponibles sous forme numérique (https://pansebetes.fr/). « Il ne s’agit pas d’une application pour smartphone mais d’une plate-forme accessible via un navigateur internet, hébergée sur un serveur en France. Pour s’y connecter, il faut du réseau - filaire ou wifi pour les ordinateurs, wifi ou 4G pour les tablettes et smartphones - ainsi qu’un identifiant et un mot de passe. L’avantage de l’outil est qu’il garde la mémoire des saisies. On peut également exporter une synthèse en format PDF », précise Michel Bouy, du cabinet vétérinaire Antokor. Anne Mabire

 

(1) Outils techniques et organisationnelspour la surveillance et la prévention.