Lors de la journée caprine de l’Association française des techniciens de la nutrition animale (Aftaa), le 27 mars à Tours, les spécialistes ont fait le tour des points clés de l’alimentation.
> Allaitement. La phase lactée représente 30 % du coût alimentaire d’une chevrette de sa naissance à sa première mise bas. D’un poids de 3,5 kg au minimum à la naissance, la chevrette doit consommer 0,25 à 0,4 l de colostrum dans ses six premières heures de vie. Ce volume est à adapter selon la qualité du colostrum, qui doit apporter plus de 40 g d’immunoglobulines (IGG) par litre. L’usage du réfractomètre s’impose, puis le calcul est assez simple, pour un objectif de 4 g d’IGG/kg de poids vif.
Ludovic Ducrocq, de Bonilait, note plusieurs facteurs clés pour réussir la phase d’allaitement, dont l’homogénéité du lot de chevrettes, ainsi que le gain moyen quotidien (GMQ), qui doit atteindre 200 g/jour en phase d’allaitement – à ajuster selon la race (190 g pour une Alpine, 210 g pour une Saanen). Deux tiers des chevrettes dont le GMQ est inférieur à 150 g/j durant leur premier mois n’atteignent pas leur première lactation. L’aliment lacté doit également être adapté au contexte : dans un bâtiment froid, il faudra, par exemple, augmenter l’apport d’énergie.
> Sevrage. Les Saanen se sèvrent à 18 kg, les Alpines à 17 kg. Il faut viser ce poids à 60 jours d’âge, et commencer à peser les têtes de lot une dizaine de jours avant, afin d’affiner la date de sevrage. La mise à disposition précoce d’une paille de très bonne qualité (1) incite les chevrettes, très curieuses, à explorer d’autres matériaux avant la distribution progressive, une à deux fois par jour, d’aliments solides. Depuis la deuxième semaine de vie, les animaux disposent d’une eau propre et potable, et pas trop froide.
Importance de la méthionine
> Acides aminés. La ration des chèvres en production est souvent riche en protéines pour couvrir les besoins de l’ensemble du lot. Afin d’éviter le gaspillage, les formules prennent davantage en compte les acides aminés dits « limitants » qui, s’ils ne sont pas apportés en quantité suffisante, empêchent l’animal de valoriser les autres. « Le premier acide aminé limitant est la méthionine. Puis viennent l’histidine, la thréonine et les acides aminés à chaîne ramifiée », explique Erik Sulmon, de la firme Inzo. La notion d’acides aminés digestibles (comme en vaches laitières) est une piste prometteuse, même s’il reste encore à préciser tous les besoins. Ainsi, + 1 % de méthionine digestible, quand l’apport en histidine est correct, permet d’augmenter la production laitière de 0,13 % en volume et d’améliorer le taux protéique de 6,7 %.
> Erreurs nutritionnelles. « 60 à 70 % des pathologies sont probablement liées à l’alimentation », estime Jérôme Despres, vétérinaire chez Bocavet. Selon lui, les plus grosses erreurs nutritionnelles sont moins courantes dans les élevages qu’il y a vingt ans, mais il observe de plus en plus d’acidoses chroniques et d’entérotoxémies sur les chèvres en production, souvent liées à un manque de fibres. La distribution d’un foin de bonne qualité avant le repas arrange bien des choses.
(1) Les chèvres sont très sensibles à l’odeur de moisissure.