« Ce matin à 9 heures, j’ai amené les chèvres sur les parcours. Deux heures plus tard, elles avaient bien grimpé sur le versant d’en face », constate Rachel Devèze. Pour le savoir, elle n’a pas besoin d’être à leurs côtés. L’une des chèvres est équipée d’un GPS, qui envoie régulièrement par satellite les coordonnées du lieu où elle se trouve. « Je peux ainsi suivre le parcours du troupeau sur une carte, sur l’ordinateur ou sur le smartphone », explique Rachel.

 

Avec Wilko Kronemeyer, son mari, ils élèvent 50 alpines à Lairière, dans l’Aude. Dans ces Hautes-Corbières escarpées, ils ne disposent que de 5 ha de prairies naturelles. Les parcours fournissent l’essentiel de la ration. « Chaque matin, j’accompagne les chèvres à un point de départ différent, puis je les laisse pâturer seules. Pendant ce temps, nous nous occupons de la transformation du lait et de la vente », explique-t-elle.

Des parcours sans clôtures

Les parcours ne sont pas clôturés, les chèvres peuvent arpenter de vastes espaces, où elles consomment aussi bien des plantes herbacées que de jeunes pousses de ligneux. « Nous avons seulement clôturé le côté qui va vers le village, pour éviter qu’elles fassent des dégâts dans les jardins », précise Rachel.

Pour localiser leur troupeau, les deux éleveurs ont d’abord utilisé des cloches.

 

« Il fallait faire des allers et retours sur la route qui surplombe les parcours pour repérer leur son, ce n’était pas facile. » Puis ils ont acheté une balise destinée aux chiens de chasse. Mais celle-ci n’indiquait qu’une direction. En 2011, ils se sont équipés d’un GPS contenant une carte Sim. Et depuis 2016, ils utilisent un GPS associé à un logiciel, qui leur permet de voir à l’écran la position du troupeau.

 

Chèvre dominante

Il faut bien choisir la chèvre qui porte le GPS. « Ce doit être une dominante, sinon les autres essayent de lui enlever son collier et ne la laissent pas tranquille », note Rachel. Pour protéger le GPS des chocs, elle l’enveloppe de papier bulle puis le met dans un boîtier en plastique fixé sur un collier. « Je l’enlève tous les soirs, et je recharge sa batterie tous les deux ou trois jours. »

 

Ce GPS a coûté 120 € à l’achat, auquel s’ajoute un abonnement annuel de 50 € au service associé. « Nous ne perdons plus de temps à chercher les chèvres. Et nous sommes plus tranquilles. Nous pouvons nous déplacer, aller livrer des fromages tout en sachant où elles sont. Il reste à vérifier sa fiabilité dans la durée. »

 

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Une carte des espèces pâturées

Le logiciel associé au GPS fournit l’heure à laquelle chaque position du troupeau a été enregistrée. Sur une thermocarte, un halo permet de visualiser si les chèvres sont restées à cet endroit ou si elles n’ont fait qu’y passer. « L’analyse des données au fil des saisons permet de déterminer les zones qu’elles parcourent, et en connaissant la végétation, les plantes qu’elles peuvent y consommer », explique Annie Méchain, pastoraliste à la chambre d’agriculture de l’Occitanie, qui a déjà cartographié la zone pâturée par les chèvres de Rachel et Wilko.

 

Annie Méchain compte affiner ce travail dans le cadre de l’étude CLOChèTE, portant sur la caractérisation du comportement et la localisation des ovins et caprins grâce aux technologies embarquées. Coordonnée par l’Institut de l’élevage, cette étude durera trois ans. Elle porte sur des élevages ovins dans les Régions Paca et Pyrénées-Atlantiques, et caprins dans le Languedoc-Roussillon.