Depuis la fin d’août, la paille arrive de la Marne par camion entier dans la Haute-Saône. Et c’est sous un ciel presque sans pluie depuis la mi-juin qu’Arnaud Cabut a réceptionné 25 tonnes de paille, le 20 août dernier. De quoi ralentir l’utilisation du foin par ses 180 bovins. Depuis bientôt trois mois, cet éleveur de Saint-Sulpice les nourrit comme en hiver. La sécheresse installée en Bourgogne-Franche-Comté affecte nettement la partie franc-comtoise.
« Mes 60 montbéliardes reçoivent de 15 à 20 kg d’ensilage de maïs par jour depuis trois mois, explique Arnaud, qui produit 500 000 litres de lait sur 170 hectares. J’ai apporté 70 balles rondes de foin au pâturage. Et il n’y a pas eu de deuxième coupe. L’ensilage avec un mois d’avance, au 15 août, a nécessité 50 % de surface de maïs en plus pour approcher le volume habituel. J’ai vendu des génisses. D’ordinaire autonome en fourrages durant l’hiver, je ne le serai pas cette année. Cette opération “Solidarité paille” est la bienvenue ! »
Achetée à 107 € la tonne
Mi-juillet, la FDSEA a lancé cette initiative et a recensé un besoin de 2 000 tonnes. Un partenariat avec l’Association des professionnels de la paille de la Marne et de l’Aube a permis d’en mobiliser la moitié. Depuis la fin d’août, cette manne arrive chez les éleveurs qui, comme Arnaud Cabut, l’ont commandée auprès du syndicat.
Le tarif de 107 €/t (72 €/t +35 €/t de transport) a été arrêté à la mi-juillet. Depuis, les prix ont grimpé. « 1 000 tonnes restent à trouver et les besoins sont exponentiels. La situation s’approche de celle de 1976 en intensité et en durée », s’inquiète Alexandre Lacroix, directeur adjoint à la FDSEA.
Dans le Doubs, la FDSEA organise une opération pour le foin de luzerne. Quant à l’interprofession du comté, elle a demandé une adaptation temporaire de son cahier des charges à l’Inao (Institut national de l’origine et de la qualité). Elle est toujours en attente de réponse.