« À l’avenir, les précipitations seront en général plus importantes durant les périodes hivernales et printanières et plus faibles durant l’été, présente André Le Gall, le responsable du département techniques d’élevage et environnement de l’Institut de l’élevage, à l’occasion de l’assemblée générale de Ter’Elevage, le 27 mars 2019 à Nozay, dans la Loire-Atlantique. Du côté des températures, elles seront un peu plus douces en hiver et plus chaudes en été. » Autre évolution, et non des moindres, les aléas climatiques seront plus nombreux.

Un calendrier de pâturage chamboulé

Ces changements auront des conséquences sur les performances des surfaces fourragères. Selon les projections, la croissance de l’herbe serait plus précoce et conséquente au printemps et un peu plus tardive à l’automne. L’utilisation précoce des prairies pourrait cependant être freinée par une dégradation de la portance des sols, liée à un accroissement des précipitations. En été, la pousse serait plus faible.

 

André Le Gall, le responsable du département en charge des techniques d’élevage et de l’environnement de l’Institut de l’élevage, à l’occasion de l’assemblée générale de Ter’Elevage, le 27 mars 2019 à Nozay. © V. Scarlakens/GFA
André Le Gall, le responsable du département en charge des techniques d’élevage et de l’environnement de l’Institut de l’élevage, à l’occasion de l’assemblée générale de Ter’Elevage, le 27 mars 2019 à Nozay. © V. Scarlakens/GFA

« La productivité de la luzerne pourrait augmenter, mais là encore avec pas mal de variabilité entre les années, explique André Le Gall. En ce qui concerne le maïs fourrage, si des variétés précoces sont semées suffisamment tôt pour permettre d’éviter le déficit hydrique estival, ça pourrait mieux se passer que prévu. »

8 leviers d’adaptation

André Le Gall décrit huit leviers d’adaptation au changement climatique, dont certains déjà partiellement actionnés :

  • Sécuriser le rendement du maïs fourrage avec une irrigation d’appoint et des semis précoces ;
  • Favoriser les cultures à double fin (notamment le maïs : en cultiver un peu plus pour pouvoir l’ensiler entièrement si besoin est, ou, si l’année est bonne, faire un peu de maïs grain) et les mélanges céréaliers ;
  • Gestion collective de la paille (12 millions d’hectares de céréales en France : développer des indicateurs d’anticipation pour savoir s’il faut ou non la broyer) ;
  • Miser sur la luzerne et les prairies multi-espèces, plus résistantes à la sécheresse ;
  • Couvrir les sols pour profiter au maximum de la croissance d’herbe en automne et en hiver ;
  • Valoriser la pousse d’herbe plus importante en automne et en hiver, malgré une possible dégradation de la portance des sols ;
  • Avoir des stocks pour passer les années difficiles ;
  • Miser sur les arbres pour lutter contre les stress thermiques des animaux, dans les champs mais aussi autour des bâtiments. L’adaptation des bâtiments d’engraissement à la chaleur estivale sera aussi cruciale.