Le réchauffement climatique, qui se traduit notamment par une hausse des températures estimée à 0,3 °C par décennie, par un allongement des périodes sèches ou une disparité des pluviométries entre les saisons et les territoires, n’est pas sans conséquences sur le colza. « Les années les plus sèches que nous connaissons aujourd’hui seront la norme demain », anticipe Aurore Baillet, ingénieure chez Terres Inovia.

Des stades sensibles

Cette sécheresse est problématique au moment de l’implantation. « C’est la première fragilité de la culture face au réchauffement : la préparation des terres est difficile, surtout dans les sols argileux, les levées sont absentes, irrégulières ou tardives, explique la spécialiste. L’enjeu n’est pas tant au niveau des quintaux que des surfaces, qui subissent une baisse historique. »

La parcelle gagne à être préparée dès la récolte du précédent, afin de préserver la fraîcheur : « Il faut être prêt à semer de façon opportuniste. Sur un sol préparé et pas trop asséché, le colza lève avec 10 mm de pluie efficace. Il a besoin du double dans le cas contraire. »

Les sécheresses printanières « risquent d’entraîner une mauvaise valorisation des engrais azotés et soufrés. Une bonne qualité d’enracinement est essentielle », poursuit Aurore Baillet. Les formes d’engrais les moins sensibles à la volatilité sont à privilégier. Un colza associé donne aussi un meilleur coefficient réel d’utilisation. Capable d’aller chercher les ressources en profondeur, la plante supporte relativement bien des stress hydriques modérés.

« La floraison est le deuxième point sensible à la sécheresse, ajoute l’ingénieure. Elle affecte le nombre de grains et le PMG sans possibilité de compensation. » Peu de leviers sont actionnables à court terme, hormis la qualité d’enracinement. « L’irrigation fait la différence, affirme-t-elle. En cas de stress hydrique marqué dès le début floraison, il a été montré que pour 100 mm apportés, il est possible de gagner 8 q/ha. »

L’élévation des températures a toutefois un impact positif sur le développement de la culture à l’automne, et sur l’initiation foliaire. « Cela contribue à la mise en place d’un colza robuste. » Car le réchauffement favorise aussi les ravageurs, notamment l’altise. La reprise à montaison des cultures est de plus précocifiée. « Cela sensibilise aux gelées tardives, mais limite aussi les dégâts des larves, qui ont moins de temps pour aller au cœur de la plante, conclut Aurore Baillet. La durée d’exposition aux charançons de la tige et méligèthes est cependant allongée. »

Justine Papin