Avec le réchauffement climatique, les accidents de production sont de plus en plus fréquents. Les agriculteurs font face, à leur manière, à leur accroissement. Des techniques d’adaptation qui divergent en fonction de l’aide politique qu’ils reçoivent.
Placer son argent les bonnes années
En Australie, pays à 75 % désertique, deux récoltes sur trois ne sont pas rémunératrices. En cause, la hausse des températures. « Le gouvernement a mis en place un soutien à l’écrêtement. Il permet de placer son argent les années où les rendements sont très bons (comme cette année) de façon entièrement défiscalisée durant sept ans », explique Christophe Dequidt, auteur du « Tour du monde des moissons ». Ainsi, cet argent peut être réutilisé lors des années plus difficiles.
« En France, on a le système des DPA (dotation pour aléas), limité à 27 000 €. Chez eux, ils peuvent placer jusqu’à 750 000 € », précise l’auteur. Au bout de sept ans, l’argent sera fiscalisé comme un revenu normal.
Minimiser ses coûts de production
Dans les pays de la mer Noire, les accidents climatiques sont monnaie courante. « Les agriculteurs ont la peau dure. Ils ne sont pas subventionnés par l’État et les hivers rudes peuvent terrasser leur culture en un clin d’œil », précise Pierre Becoq, directeur international d’Agritel. Cela peut paraître étonnant aux vues des belles récoltes de la Russie, de l’Ukraine et du Kazakhstan des trois dernières années. Mais cela reste exceptionnel.
« Le seul revenu des agriculteurs de la mer Noire est issu du marché. L’unique levier en tant que chef d’entreprise est de minimiser leur coût de production à outrance. Et ils y arrivent parfaitement », raconte Pierre Becoq.
L’Australie et les pays de la mer Noire ont une agriculture totalement libérale. « Là-bas, des entreprises agricoles de plusieurs milliers d’hectares font faillite lorsque les accidents s’accumulent », rappelle Stéphane Gin, directeur marché chez Groupama.
Quid des marchés à terme
Réchauffement climatique oblige, les accidents de récolte devraient se faire plus nombreux et les agriculteurs auront d’autant plus besoin de couvrir leur qualité et leur quantité. Jean-Luc Billard, directeur de la coopérative Ynovae en Bourgogne, se pose la question de l’intérêt des marchés à terme dans ce contexte. « Ils permettent de couvrir les prix. Mais quand il n’y a pas de rendement, il n’y a rien à vendre. »