Un fossé technologique, c’est ce qui sépare nos deux modèles. Pourtant, chacun des deux engins était le plus haut de gamme de sa série. Nous avions, donc, le dernier-né sorti des chaînes de Pontchâteau (Loire-Atlantique), un 43.80 HF Agri quatre étoiles (****) et, en face, un TH 38.70 HF trois étoiles (***) produit en 2017. C’est non loin de leur maison natale que nous avons pu nous rendre compte du chemin parcouru par les dernières versions. Direction le sud de la Bretagne, sur une exploitation de polyculture élevage, pour passer quelques jours au volant. Au programme, manipulation de balles, de fumier ou encore de gravats.

Une vieille connaissance

Le 38.70 HF Agri *** est une machine que nous connaissons car nous l’avions testée il y a quelques années. S’il se démarquait par une réelle simplicité d’utilisation, sa rusticité pouvait en freiner plus d’un. Il faut dire que le constructeur reste un acteur récent sur le marché agricole et ses modèles étaient jusqu’ici grandement dérivés de leurs cousins dédiés au BTP. Avec la série R, présentée cette année, Bobcat souhaite changer les choses et ça se sent. Si le re­stylage extérieur n’a pas échappé aux plus attentifs, difficile de ne pas constater les modifications opérées en cabine. C’est simple, presque tout a changé. Il n’y a guère que la structure qui reste la même. L’accès pour ces deux engins est donc assez similaire. Il est bon sans être excellent. C’est pour descendre que nous remarquons une première différence. La poignée de porte disposée trop loin, et qu’il fallait pousser, laisse place à une poignée plus proche et mieux conçue pour notre 43.80 HF ****.

Il est temps de tourner la clé pour observer les évolutions au travail. Nous commençons notre semaine en réalisant un peu de terrassement ainsi que de la manipulation de fumier.

Possibilités augmentées

En conduite, les deux machines sont assez proches et nous trouvons rapidement nos marques pour les fonctions les plus simples. Techniquement, elles sont toutes les deux dotées d’une transmission hydrostatique, munie de deux rapports mécaniques et deux rapports sous charge. Les rapports mécaniques sont sélectionnés à l’arrêt via un interrupteur et s’apparentent à un mode route et un mode champs. En complément, un système de doubleur (lièvre/tortue) est présent. La commande est positionnée de manière peu pratique, sur le bout du commando sur les anciennes versions. Sur la nouvelle, elle prend astucieusement place sur la face avant du joystick. Elle nous encourage davantage à jouer avec ce doubleur qui se révèle pertinent en faisant gagner en précision ou bien en rapidité.

La transmission garde également différents modes déjà présents comme le système « creeper », qui s’apparente à un limiteur de vitesse. Nous le sélectionnons avec la touche « escargot ». La vitesse maximale est ensuite paramétrée avec les touches + et – du joystick. Au terrassement et au fumier, le mode Eco, qui limite le régime moteur à 1 800 tr/min, offre un bon compris pour contenir la consommation sans trop brider les performances de la machine.

Sur le HF **** nous testons également l’arrivée d’un accélérateur à main. Il se matérialise par un petit levier assez précis. Lors de notre manipulation de gravats, nous nous bloquons à un régime autour de 1 600 tr/min, suffisant pour un travail correct. Il faut, pourtant, se réadapter à la pédale d’accélérateur, qui ne nous sert plus qu’à gérer l’avancement. Caché sous un logo de volant, nous découvrons également un mode dynamique parmi les touches disposées sur le côté. Celui-ci ne va pas influer sur la direction mais plutôt sur la nervosité lors de l’inversion du sens de marche ou encore sur la décélération. Les différences se ressentent surtout en première vitesse et première gamme.

Davantage d’automatismes

Sur notre modèle ***, nous pouvons ajuster facilement le débit hydraulique de l’ensemble des fonctions. Une solution pratique car cette machine est plutôt énergique. Sur le ****, Bobcat va encore plus loin. Il est toujours possible de paramétrer le débit hydraulique, cependant nous pouvons ajuster les débits indépendamment pour chaque fonction. Ainsi, le bennage/cavage pourra recevoir un pourcentage différent de la levée/descente ou du télescopage, en fonction de nos travaux. Depuis le terminal tactile, il est alors possible de paramétrer jusqu’à six profils via le système « Job Manager » en fonction des applications ou des chauffeurs. Chacun possédera, entre autres, ses propres réglages hydrauliques des différentes fonctions. Une fois que le profil souhaité est sélectionné, il restera à activer le système SHS depuis la console pour bénéficier des paramétrages hydrauliques enregistrés.

Différents automatismes font également leur apparition. Pour les phases de chargement, il est facile de mémoriser une hauteur minimum pour notre bras en l’enregistrant assez simplement par un appui long. Techniquement, le bras va se stopper automatiquement à la position enregistrée lorsque nous allons le faire descendre. Nous avons d’autant plus apprécié ce système que le bras télescopique rentre automatiquement dès que nous l’abaissons. Nous réalisons, donc, deux fonctions en une, juste en poussant le joystick.

Nous voici rapidement prêts à recharger le godet. Nous pouvons également enregistrer une butée haute pour travailler avec plus de sécurité, notamment en hauteur afin d’éviter que le godet ne vienne heurter un obstacle. Dans notre cas, ce système sécurise le travail aux abords d’une ligne électrique aérienne et sous la charpente de la fumière. C’est d’ailleurs au fumier que notre HF **** révèle encore quelques belles surprises. Une fonction « secouage du godet » est directement présente sur le joystick. Pour l’activer, il nous faut caver ou benner en appuyant sur le bouton facilement identifiable. Le secouage peut ensuite se faire en continuant ou non l’action engagée sur le godet.

La fonctionnalité Autograb

C’est également au fumier que nous avons testé la fonctionnalité Autograb. C’est en quelque sorte une temporisation pour la troisième fonction. Avec un clic sur le roller du joystick, celle-ci va s’effectuer pendant la durée souhaitée. Nous la paramétrons dans le terminal entre zéro et cinq secondes. Plutôt bien pensée, cette solution nous permet de fermer ou ouvrir la griffe de la BMS d’un clic. Toutefois, dès que nous exécutons une seconde fonction en même temps, l’huile est logiquement répartie et une fois la temporisation finie, la griffe n’est parfois pas totalement ouverte ou fermée même après cinq secondes.

Quatre modes de direction

Nous terminons notre curage, c’est l’occasion de tester la position flottante de la flèche. Elle s’active plus simplement, il suffit d’appuyer sur la touche et de pousser le joystick simultanément. Pour accéder aux derniers recoins du bâtiment, nous changeons de mode de direction. Sur cette nouvelle génération, ne cherchez pas un interrupteur ou une molette, le changement se fait depuis l’écran tactile. En cliquant sur le logo représentant les ponts, nous arrivons dans le menu qui nous offre ici non pas trois mais quatre modes de direction. En plus des traditionnels modes crabe et deux ou quatre roues directrices, cette version se dote d’un mode semi-crabe. Les roues arrière sont maintenues avec un angle et nous nous dirigeons ensuite avec les roues avant. Pour sélectionner un mode, il suffit de cliquer sur celui que nous souhaitons. Une touche « raccourci » est également installée sur l’accoudoir. Ce choix est encore une fois aux antipodes de l’ancien système qui fonctionnait avec un interrupteur peu clair. Pour les plus réticents au tactile, il est possible d’accomplir l’opération avec une touche « raccourci » et la molette située sur l’accoudoir.

Certaines choses ne changent pas pour autant entre ces deux télescopiques. Le frein de parking électrique et automatique, simple et efficace, est toujours présent. Il s’active avec un bouton, ou dès que nous restons quelques secondes au neutre. Néanmoins, comme sur l’ancien modèle, si nous sommes à l’arrêt avec un sens de marche sélectionné, il ne s’enclenche pas et l’engin se retrouve en roue libre. Notons, cependant, que nos machines bipent dès que l’on quitte le véhicule sans le frein.

Au final, avec ce nouveau modèle, on change totalement d’univers. Le Bobcat ancienne génération, entrée de gamme, simple, efficace, laisse place à une machine plus complexe, mais plus ergonomique et moderne. Si nous regrettons un léger manque de simplicité sur certains aspects, le confort et les solutions apportées font rapidement oublier l’ancienne version qui prend un sacré coup de vieux.

Pierre Peeters