Hausse des prix du carburant, nouvelles politiques environnementales… Pour répondre à ces enjeux, des alternatives aux carburants traditionnels existent. Parmi ces solutions émergentes, le gaz naturel véhicule (GNV) mais surtout sa version renouvelable, le bio-GNV, connaissent aujourd’hui un essor.

« En plus des stations de GNV et de bio-GNV qui s’implantent progressivement partout en France, d’autres stations dans une toute autre configuration pourraient voir le jour », indique Maxime Garnier, responsable d’animation des filières de la mobilité au GNV et au bio-GNV chez GRDF lors d’une conférence au salon nantais Bio360 Expo sur les bioénergies, le 25 janvier 2024.

Développer des stations de bio-GNV de proximité

C’est dans ce cadre que GRDF (distributeur de gaz naturel en France) et plusieurs de ses partenaires ont lancé à la fin de 2023 une étude sur le bio-GNV au plus près des méthaniseurs agricoles. L’objectif est d’essayer de corréler les sites de méthanisation en injection ou en cogénération avec des besoins ponctuels à l’échelle de la ferme en elle-même mais aussi des besoins à l’échelle des territoires. « À l’échelle vraiment locale, à proximité d’un site de méthanisation, l’objectif est de faire émerger des stations sur un réseau de niveau secondaire afin de couvrir les dernières zones blanches », explique Maxime Garnier.

Cette étude, qui doit courir jusqu’au printemps 2024, a pour objectif d’accompagner le développement de ces stations à l’échelle de la Région Pays de la Loire, dans le cadre de France 2030. « Ce sont plus de 50 sites de méthanisation qui vont être approchés et étudiés afin de mesurer le potentiel autour de ces sites », précise l’animateur de GRDF.

L’étude conduit également une réflexion sur les sites en cogénération qui produisent du biogaz et dont la fin du tarif d’achat approche pour certains. Pour ces sites, la question du devenir du biogaz pousse à se pencher sur les débouchés, notamment en matière de mobilité. D’autant plus que le sujet de la fin progressive de la détaxation du GNR (disparition de la réduction sur la TICPE) inquiète les agriculteurs. Donner aux agriculteurs « la possibilité d’avoir un carburant qu’ils produisent sur leur ferme et l’utiliser » apparaît comme une solution prometteuse.

Dans les allées du salon Bio360 Expo sur les bioénergies, qui s’est tenu à Nantes les 24 et 25 janvier 2024, était présent le célèbre tracteur T6 180 Methane Power de chez New Holland. S’il n’a rien de particulier en apparence, c’est le seul tracteur fonctionnant au bio-GNV qui est actuellement commercialisé en France. Il représente la forte progression ces dernières années des véhicules circulant au biogaz.

Le tracteur T6 180 Methane Power de chez New Holland, fonctionnant au bio-GNV, est l’unique tracteur actuellement commercialisé en France. (©  Laurine Mongenier/GFA)

Une filière de la mobilité au gaz dynamique

« Depuis près de dix ans, la filière des véhicules au gaz connaît une progression régulière », indique Régis Gaignault, secrétaire général de France Mobilité Biogaz. Au total, ce sont plus de 36 000 véhicules au gaz qui roule en France en 2023. Pour France Mobilité Biogaz, la filière progresse de façon significative et a gardé toute sa dynamique malgré la crise géopolitique de 2022. Aujourd’hui, les prix du GNV et du bio-GNV sont à nouveau nettement inférieurs aux prix du gazole, redevenant compétitifs pour les acteurs de la filière. Cette dynamique se vérifie également du côté du réseau de distribution avec un total de 700 points de points de vente, publics et privés, pour les utilisateurs de gaz carburant en 2023.

Et cette filière dynamique fait la part belle au bio avec 36 % de bio-GNV en 2022 (contre à peine 20 % en 2021). Selon France Mobilité Biogaz, elle devrait dépasser les 50 % en 2023. « Cependant, cette filière a besoin de lisibilité réglementaire afin de pouvoir prendre la place qu’elle mérite dans le mix énergétique du transport lourd demain, en complément de l’électricité », souligne Régis Gaignault.

L’évolution récente des pouvoirs publics pour prendre davantage en compte la filière du bio-GNV et des biocarburants, aux côtés de l’électricité de l’hydrogène, a ainsi marqué l’année 2023 avec de nombreux textes réglementaires tant au niveau européen (règlement CO2 sur les véhicules lourds, normes sur la qualité d’air, directive RED) qu’au niveau français (politique pluriannuelle de l’énergie, taxe Tiruert).