« C’est simple à construire, à entretenir et à piloter. » Jérôme Breuil ne tarit pas d’éloges sur sa petite unité de méthanisation. À la ferme de La Prade, il élève une cinquantaine de montbéliardes. Leur lait est transformé sur place, à Allassac, à quelques encablures de Brive-la-Gaillarde, en Corrèze.

Simple à construire, entretenir, piloter
L’exploitation produit du biogaz depuis septembre 2016. Il est valorisé via un moteur de cogénération de 125 kWe (kilowatts électriques). La chaleur est utilisée pour le chauffage de maisons du hameau, pour la fromagerie et pour le séchage du foin, du tournesol ou du maïs. L’installation de méthanisation a été fabriquée par l’entreprise française Arcbiogaz. Elle a la spécificité d’être en citerne souple. Environ 3 500 tonnes d’intrants y sont digérées chaque année, avec plus de 60 % d’effluents, issus de l’élevage de Jérôme et d’un élevage porcin voisin. Ils sont mélangés au petit-lait, à des tontes d’espaces verts et à des déchets de fabrication de deux industries agroalimentaires locales. Le nombre de méthaniseurs de cette forme peut pour l’instant se compter sur les doigts d’une main.

Deux citernes de 400 m³
L’installation repose sur le même principe qu’une unité de méthanisation en voie liquide infiniment mélangée classique. C’est la forme des digesteurs qui diffère. Ce sont en fait de gigantesques citernes souples dont la contenance est comprise entre 400 et 450 m³. Elles sont posées sur des planchers chauffants, dans de larges fosses carrées dont la profondeur maximale est située au centre, telle une forme de diamant. « C’est comme une grosse bouillotte, sourit Jérôme. Ici, il y en a deux en parallèle, pour un volume de digestion global d’environ 800 m³. » Bien qu’elles soient souples, ces citernes sont conçues pour résister aux intempéries les plus rudes, y compris la grêle.

Un demi-million d’euros
La structure de l’installation est particulièrement économe en génie civil et en béton. « En tout et pour tout, il n’y a eu besoin que de deux toupies de béton. » Il en résulte un temps de construction accéléré et un investissement considérablement réduit. « L’unité de méthanisation a coûté environ 500 000 euros, c’est presque deux fois moins cher qu’une installation classique de même puissance, précise Jérôme. En comptant la totalité des investissements, avec le réseau de chaleur et le séchoir, cela a coûté 600 000 euros. Je l’ai amortie très rapidement. » En effet, chaque année l’installation vend un million de kWh d’électricité, ce qui représente 240 000 euros. « Il faut ajouter à cela des économies de chauffage de l’ordre de 10 000 euros, le séchage des fourrages ainsi que le digestat », énumère l’éleveur, qui a également réduit de 90 % ses achats d’engrais. En incluant la totalité des bénéfices apportés par l’unité, il a fallu moins de deux ans pour amortir ce projet.

Peu d’arrêts
Chaque digesteur est remué par deux mixeurs, situés dans deux coins opposés. Jérôme est satisfait de l’accessibilité des éléments et de la simplicité de maintenance. « S’il y a un souci avec un mixeur, il y a juste à le prendre avec un télescopique et à l’enlever. C’est très simple de le changer, il n’y a pas à vider la cuve. » De la simplicité de fonctionnement et d’entretien du méthaniseur résulte un faible temps d’arrêt. « Depuis le lancement de la production, il y a une moyenne de 8 130 h de fonctionnement par an, souligne l’agriculteur corrézien. Elle a été à l’arrêt 800 heures en cinq ans et demi, soit 1,7 % du temps, c’est difficile de faire moins. » L’éleveur envisage un changement des citernes au bout de dix ans d’utilisation.
Jérôme est, par ailleurs, associé d’une unité de méthanisation collective en injection avec une cuve classique. Il constate des problèmes techniques beaucoup plus nombreux en l’espace d’une année sur cette dernière.
Gildas Baron