La ferme de Montgermont à Pringy, dans la Seine-et-Marne, est située en zone périurbaine. « Il y a beaucoup de passage sur les chemins autour de mes parcelles, constate Marc Allard, installé sur 130 ha de l’exploitation familiale depuis 2017. Par ailleurs, une centaine de logements sont en construction à proximité. Planter une haie améliore l’aspect visuel, donne de l’ombrage aux randonneurs, mais permet aussi d’éviter les intrusions et les dégradations dans mes champs dues aux chiens, aux promeneurs, aux motos… » Après avoir appris que la plantation était subventionnée, le céréalier s’est rapproché de l’association Agrof’île qui accompagne les porteurs de projets.

Après une étude de faisabilité, 4,5 km de haies, sur un ou deux rangs, ont été plantés durant l’hiver 2023 sur sa ferme et celle qu’il travaille avec sa sœur. « Les haies ont été installées autour d’îlots selon l’accord des propriétaires, et à plus de cinq mètres des réseaux de gaz, souligne l’agriculteur. Des essences dont la hauteur ne dépasse pas deux mètres ont été choisies sous les lignes électriques à haute tension. » L’objectif est aussi de créer du lien entre les massifs forestiers existants, de protéger les cultures du vent et de fournir un abri à la faune et aux pollinisateurs.

Des arbres tous les 6 m

En novembre, malgré la pluie, Marc Allard a pu réaliser en bordure de parcelle une ligne de labour d’un côté puis une deuxième dans le sens inverse pour créer une butte afin que l’eau ne stagne pas sur la ligne de plantation. Un passage de Cultirateau a précédé celui de la planteuse. « Certains jours, l’eau empêchant le passage de la machine, des chantiers manuels ont été organisés avec les écoles de la commune notamment », précise l’agriculteur, également élu au conseil municipal de Pringy.

Deux rangs en quinconce (80 cm entre les rangs) ont été plantés avec des arbustes espacés de 1,5 m au maximum (amélanchier, aubépine, sureau, bourdaine, néflier, noisetier, charme, cornouiller…), et des arbres tous les 6 m (noyer, chêne, cormier, tilleul, merisier…). Une protection en plastique contre le gibier restera autour du plant pendant deux ou trois ans.

Un entretien important

Un paillage permet de lutter contre les adventices et la sécheresse. « J’ai acheté une pailleuse d’occasion à 3 800 € et nous avons paillé les 4,5 km pendant une semaine avec mon stagiaire, raconte l’agriculteur. Une opération qu’il faudra réitérer dans un an puis encore peut-être une autre fois, le temps que les arbres soient assez robustes pour ne pas être concurrencés par les adventices. Je devrais aussi enlever les protections dans deux ans environ. »

« Je décompacterai régulièrement entre la haie et la zone cultivée pour casser les racines des arbres et les orienter en profondeur pour ne pas qu’elles concurrencent la culture en eau et nutriments. Dans quelques années, il faudra aussi tailler, puis recéper dans quinze ans. J’ai suivi une formation dispensée par la chambre d’agriculture pour tailler et donner une forme à l’arbre. Quand je me suis lancé dans ce projet, je ne pensais pas qu’une haie nécessiterait autant d’entretien », relève l’agriculteur. D’autant que s’il a bénéficié d’une aide financière pour la plantation, la demande est toujours en cours concernant l’entretien (lire l'encadré). « Mais même si la haie est encore petite, elle est déjà dissuasive envers les intrusions », se réjouit-il.