Initié en 2008, le programme Futurol, mené par la société Procéthol 2G, est en passe d’aboutir. Il devrait se terminer à la fin de 2016 sur une « très grande satisfaction », selon Frédéric Martel, le directeur général de Procéthol 2G. Pourquoi ? Parce que l’objectif de départ est en passe d’être atteint.
« Sous réserve de l’expérimentation à taille industrielle, on sait produire aujourd’hui un biocarburant de deuxième génération (1) qui pourra atteindre le prix de revient de la première génération », a-t-il annoncé le 6 octobre 2016, lors d’une conférence organisée à Paris par l’Afja (Association française des journalistes agricoles) sur le thème de la bioéconomie. Et de renchérir : « On peut même dire que l’éthanol que nous allons produire sera légèrement moins cher que l’essence hors taxe. »
Moins cher pour le consommateur
Le prix de revient d’un litre d’essence est en effet de 70 à 80 centimes d’euro, ce qui le porte, avec les taxes (TGAP – taxe générale sur les activités polluantes – et TVA) à 1,20-1,30 €/l. L’éthanol de première génération a un prix de revient de 0,50 à 0,60 €/l. Son contenu énergétique étant plus faible, rapporté au litre d’essence, il coûte 0,70 à 0,80 €/l. Soit, « le même prix que l’essence avant taxes, a démontré Frédéric Martel, en marge de la conférence. Et comme il ne supporte pas la TGAP mais seulement la TVA, il est moins cher pour le consommateur français. »
Bannir les incitations fiscales
« Nous avons parié dès le départ sur le fait qu’il ne fallait pas produire un éthanol biocarburant en espérant avoir des primes, des incitations fiscales… C’est très bien, ça peut nous aider à démarrer des usines, en Europe, en France ou même dans le monde, des usines qui n’auraient jamais vu le jour, sans cela en raison du risque industriel. Mais nous ne pouvons pas bâtir sur la durée avec ce type d’incitations non pérennes. »
À l’issue des étapes dites de laboratoire puis de pilote, le programme Futurol poursuit actuellement son développement, au stade de la démonstration, à savoir de la petite exploitation industrielle. « Nous sommes à côté de Soissons, à Bucy, dans l’Aisne, sur un site de Tereos pour la phase de pré-industrialisation qui a débuté en juin, avec le bois. Et nous sommes très satisfaits de ce que nous avons obtenu. »
La société ambitionne de recourir à un procédé qui puisse s’adapter à la majorité des biomasses disponibles (bois, résidus de récolte…), et de parvenir à le déployer partout dans le monde, tout en s’adaptant au territoire pour limiter le transport.
10 % des surfaces de grandes cultures
Selon Claude Roy, président du club des bioéconomistes, c’est l’un des programmes de la bioéconomie qui a le plus de chance de passer à l’industrialisation. Plus largement, la bioéconomie (biocarburant, chimie, fibres…) couvre aujourd’hui 10 % des surfaces de grandes cultures françaises. À l’horizon de 2030, elle prévoit de créer 185 000 emplois dans les biocombustibles, les biodéchets, les biocarburants et la chimie du végétal.
(1) fabriqué à partir de lignocellulose contenue dans le bois (résidus forestiers), la paille (résidus agricoles) ou les plantes de cultures dédiées.