«On ne peut pas accepter que des citoyens viennent agresser des agriculteurs ou effectuer des intrusions dans des élevages. » à l’occasion du Salon de l’agriculture, le président de la République a rappelé une évidence, évoquant à ce sujet la création par la gendarmerie nationale fin 2019 de la cellule Demeter. Celle-ci vise à mieux protéger les agriculteurs contre les actes délictueux, tels que les vols ou les dégradations, qui sont en progression.
En ce début d’année, une petite musique orchestrée par des réseaux bien organisés, reprenant les mêmes argumentaires, est venue dénoncer cette « cellule militaire pour surveiller les opposants à l’agro-industrie », pétitions à l’appui. Car évidemment, les éleveurs qui voient leurs dindes étouffées à la suite de la visite d’activistes ou chez qui s’introduisent des militants pour filmer à leur insu, ne peuvent être que dans le camp de l’agro-industrie. Et on ne parle pas de ceux qui se font agresser ou casser la figure parce qu’ils traitent dans leur champ (parfois en bio), ou se font incendier leur élevage par des individus à qui l’agribashing croissant a donné quelques idées. Mais « chut », ce vilain mot d’agribashing aurait lui aussi été créé pour défendre l’agriculture dite « industrielle ».
En fait, les pétitions signées visent à dénoncer le « flicage » dont seraient victimes avec la cellule Demeter les « lanceurs d’alerte », sorte d’éclaireurs des citoyens. Parmi ceux-ci, L214, association anti-élevage, spécialiste des vidéos réalisées par intrusion dans des élevages. Il est vrai que lorsqu’on reçoit des subsides des patrons de la Silicon Valley voulant gagner beaucoup d’argent avec la viande artificielle, on est en droit de donner des leçons… Cela ne correspond pourtant pas vraiment au critère « désintéressé » de la définition du lanceur d’alerte. Il ne suffit donc pas de s’autoproclamer lanceur d’alerte pour l’être vraiment, même si on est un tanceur alerte voulant rééduquer les paysans. Parmi les signataires des pétitions, on trouve aussi Générations Futures, lobby antipesticides de synthèse, financé, entre autres, par des entreprises commerciales du secteur de la bio, et qui, en toute objectivité, estime que l’interdiction du cuivre ne se justifie pas malgré sa toxicité…
Le ministère de la Justice cherche maintenant à trouver de nouvelles règles de droit pour dissuader les activistes animalistes ou anti-élevage de s’introduire dans les fermes. Des parlementaires réfléchissent également à des mesures pour réduire les marges d’action de ces faux chevaliers blancs. Car si tout le monde est libre de s’exprimer, on ne peut pas laisser faire n’importe quoi dans les fermes françaises au mépris du respect de la propriété privée ou des règles sanitaires.