Un élevage à la dérive parce que son propriétaire perd pied, un autre qui connaît des déboires sanitaires, un abattoir où un salarié dérape… Peu importe si ces images ne reflètent pas la réalité, pourvu qu’elles choquent, pourvu qu’elles mettent mal à l’aise le spectateur et lui coupent l’envie de manger de la viande. Car c’est bien le but de L214 : convertir l’Homme au tout végétal.
Tel le loup qui semblait inoffensif aux citoyens à son retour dans nos montagnes, L214 a su attirer leur sympathie. Maintenant qu’elle est installée, elle frappe chaque fois qu’elle en a l’occasion, suivant toujours la même stratégie dans sa guerre contre l’élevage. Rompue aux techniques de communication, elle parie sur « le choc des photos », ou plutôt des vidéos, avec l’appui de personnalités qui relaient ses messages et appellent à la soutenir financièrement. Si elle prétend défendre le bien-être animal, c’est parce qu’elle l’a identifié comme un thème auquel le consommateur est sensible.
Inutile d’attaquer frontalement L214. Ce serait voué à l’échec. Elle ne manque jamais d’arguments contre l’élevage, dont elle espère bien avoir la peau. L214 réussit à tirer la couverture médiatique à elle, et fait presque oublier qu’il existe d’autres organisations soucieuses du bien-être animal avec qui il est souhaitable de nouer le dialogue.
Aux éleveurs, avec les filières mobilisées derrière eux, de lancer la contre-offensive, d’expliquer ce qu’ils font pour le bien-être au quotidien, comment ils font évoluer leurs pratiques. Pas la peine de laisser les autres parler à votre place, ou devenir les interlocuteurs de l’agroalimentaire et de la distribution, qui ont vite fait d’arbitrer, imposant de nouveaux cahiers des charges.
Tout cela reflète une évolution plus générale, celle d’une société qui s’éloigne du monde agricole et où l’animal de compagnie est roi. Une société qui oublie que, pour manger de la viande, il faut élever et tuer un animal. Et là, c’est un autre débat qui pointe son nez, celui de la mise à mort des animaux.