« Forcés à vivre au milieu des cadavres de leurs congénères en putréfaction ou leurs ossements, les cochons de cet élevage intensif survivent dans un environnement répugnant. » C’est ainsi que L214 décrit les dernières images qu’elle a publiées ce jeudi 16 mars 2017 sur la Toile. L’élevage n’a sans doute pas été choisi au hasard.
Toujours le même vocabulaire
Ces images sont une aubaine pour les militants anti-viande. Ils s’engouffrent dans la brèche, pour affirmer qu’il s’agit là d’un phénomène récurrent dans les exploitations qu’ils qualifient d’industrielles. « C’est ça la viande de porc made in France, les amis ! », accuse le porte-parole du jour, Grégory Guillotin, youtubeur, en ouverture de la vidéo. Près de 700 000 personnes suivent sa chaîne.
Dans sa vidéo, L214 donne peu d’informations sur sa nouvelle victime. « Ça se passe dans le Finistère, dans un élevage, près de Quimper », dit seulement Grégory Guillotin. Il faut s’emparer du communiqué de presse pour apprendre que l’exploitation « est un élevage industriel de taille moyenne comme il en existe plusieurs milliers en Bretagne, qui fait naître et engraisse chaque année des milliers de cochons pour les envoyer à l’abattoir à l’âge de six mois. »
Un jeune éleveur secoué par la crise
Triskalia, le groupement de l’éleveur, n’est pas resté silencieux. Il confirme dans un communiqué de presse du 16 mars que la vidéo a été tournée à l’insu de l’éleveur. Que l’exploitation est un élevage de 130 truies de naisseur-engraisseur, avec 80 ha de terres. L’éleveur, 29 ans, s’est installé en 2013. Il a donc vécu de plein fouet la crise porcine.
« Compte tenu de cette conjoncture difficile, l’éleveur a fait le choix de travailler seul sur l’exploitation, sans embaucher de salarié, afin de limiter ses charges, précise Triskalia. La surcharge de travail a amené l’éleveur à se concentrer sur les soins et l’alimentation des animaux au détriment de l’entretien général des porcheries. »
Triskalia insiste sur le fait que les images de L214 ne sont pas représentatives des élevages de porcs en France. « Cette situation est exceptionnelle », assure le groupement, qui promet de mettre en place un plan d’action pour accompagner l’éleveur avec la direction départementale de la protection des populations du Finistère et les organisations professionnelles porcines. Une décision qui a recueilli le soutien de Coop de France, de la Fédération nationale porcine et d’Inaporc.
Les trois organismes ont, dans un communiqué paru quelques heures après la diffusion de la vidéo, souhaité que les situations de détresse soient repérées, « pour les accompagner plutôt que de les stigmatiser ». Elles admettent que certaines images de la vidéo de L214 sont choquantes, pour le public comme pour les éleveurs et la filière porcine dans son ensemble. Mais ils martèlent qu’elles ne sont pas représentatives. « L’appel de L214 à la fermeture de cet élevage montre une volonté d’arrêt de toute forme d’élevage et non pas une volonté d’améliorer le bien-être des animaux », accuse le communiqué.
Les welfaristes prônent les systèmes alternatifs
L’association Welfarm, très engagée contre la castration des porcelets, s’est saisie de la vidéo de L214 pour asseoir son combat contre l’élevage en bâtiments. « Ces images doivent permettre de dénoncer les conditions de vie inacceptables subies par des millions de cochons et de truies chaque année en élevage intensif », lance l’association dans un communiqué. Selon Welfarm, en France, plus de 90 % des cochons sont élevés dans des systèmes qualifiés d’intensifs (95 %, selon L214), « conditions en tout point contraires à leurs besoins et comportements naturels ».