« L’idée était qu’en cas de problème, nous pourrions toujours fermer le bâtiment. 13 ans après, le pan sud est toujours ouvert. » Chez Laurent et Marie-Hélène Poulet à Saint-Alban-d’Ay (Ardèche), les 180 chèvres alpines que compte l’exploitation sont logées de manière singulière.
Dehors tout l'année
« Notre bâtiment de 200 places est totalement ouvert dans la longueur sur le pan sud », décrit Laurent. La conduite du troupeau est orientée autour du pâturage, si bien que les chèvres sortent dès la fin de février pour pâturer bois et landes. « Avec ce bâtiment, elles sont dehors toute l’année. »
L’idée a germé lors d’un hiver où l’ancien bâtiment du Gaec Là-bas souffrait d’un problème de tuyauterie, obligeant le couple à laisser les portes ouvertes pendant trois semaines pour apporter l’eau. Constat ? « Les chèvres se regroupaient toutes à l’entrée pour profiter du soleil », se souvient Laurent.
Long de 66 mètres, le nouveau bâtiment érigé en 2012 est entièrement en bois pour limiter le rayonnement de températures froides ou chaudes. Le toit est recouvert de taules en bac acier. « Nous avons travaillé avec le charpentier constructeur Roiné pour la confection et l’avons monté nous-mêmes en deux ans, pour un coût total de 156 000 €. »
Le bâtiment est constitué de deux appentis accolés, un côté nord, fermé, abritant la laiterie, la salle de traite et la nurserie et un au sud pour les chèvres. « Un bardage en clairevoie sur trois faces casse le vent et favorise la circulation de l’air, ce qui apporte une ventilation naturelle au bâtiment », explique Lise Méléard, responsable de la communication chez Roiné.
Au soleil en hiver
« Les chèvres produisent de la chaleur en ruminant. Leur zone de confort thermique est entre 7 et 20°C », estime Laurent. « Nous sommes ici à 450 m d’altitude, avec un climat plutôt sec et chaud et soumis au vent du nord. On descend à jusqu'à –4°C en hiver », reprend Marie-Hélène.
En cas de froid, « il y a généralement un soleil rasant qui rentre dans l’aire paillée, et les chèvres sont protégées du vent du nord ». Les tuyaux passent sous le fumier et ne gèlent pas. « Et l’été, la circulation de l’air rend le bâtiment bien plus respirable. »
Le couple a d’ailleurs adopté une nouvelle stratégie de conduite au pâturage par forte chaleur. Les chèvres sortent de nuit et rentrent au petit matin. « Ainsi, elles pâturent au lieu de rester à l’ombre des arbres. Et pendant la journée, elles peuvent manger et boire à volonté au bâtiment », explique Laurent.
Les exploitants ne remarquent aucune différence de production en cas de grand froid, et la baisse habituelle due à la chaleur semble un peu moins marquée. « Ça ne sent jamais la chèvre et le fumier sèche bien, se réjouit Laurent. Les chevrettes en extérieur ne sont pas malades et sont même plus sociables et moins craintives que les chevrettes en nurserie fermée. »
Autre avantage, le confort de travail est amélioré. « Le couloir n’a pas besoin d’être dégagé quand j’utilise le tracteur, j’accède à chaque box indépendamment par l’extérieur. Je peux laisser du foin dans les couloirs pour éviter les allers-retours », partage Laurent. Seul bémol, le bâtiment prend beaucoup de place pour le nombre de chèvres, car le couloir n’est pas optimisé avec deux aires en face à face.