La demande est venue, en 2012, de quelques communes de la vallée du Vicdessos. La végétation étant de plus en plus envahissante, faute d’élevages pour la contenir, les habitants se sentaient comme enfermés derrière des murs d’arbres et de broussailles. Les maires de Lercoul, Sem et Goulier ont alors fait appel au parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises (PNR), pour trouver une solution. À Lercoul (1 106 m d’altitude, 30 habitants), il s’agissait, en premier lieu, de rouvrir les terrains situés au-dessous du village, afin de retrouver la vue sur la vallée. Les élus ont alors fait le tour des propriétaires et ont défini un périmètre de 3,6 ha, réunissant cent vingt-cinq parcelles et cinquante-trois comptes de propriété. Il a fallu trois ans pour obtenir l’accord de 80 % des propriétaires.

« Ces parcelles, très pentues, ne permettaient pas un débroussaillage mécanisé. En revanche, elles convenaient au passage de chèvres, raconte Camille Fleury, chargée de projet Réouverture paysagère au PNR. Il n’y avait plus d’élevage sur le village depuis les années 1950. Mais le hasard a fait qu’Aline Marche, qui était en formation pour devenir éleveuse de chèvres, rencontre Gérard Galy, le maire de Lercoul, et que le courant passe. »

Aline et son conjoint Johnny ont découvert le village en juin 2014 et ont décidé de s’y installer. En novembre, Gérard leur avait trouvé un terrain embroussaillé, où Johnny a bâti une maison en bois, ainsi qu’une chèvrerie de 50 m² et une savonnerie. « Nous nous sommes installés en mars 2015 et les chèvres sont arrivées début juin, se souvient Aline. Nous avons trente mères de race pyrénéenne, qui ont commencé à débroussailler le périmètre. Des ronciers entiers ont disparu. De son côté, Johnny coupe des arbres et débarde le bois avec un cheval. Il a nettoyé plus d’un hectare. »

Une solution pérenne

Les terrains sont prêtés aux éleveurs en échange de leur entretien. Pour une partie, une convention de dix ans a été signée, pour une autre, des baux de petites parcelles de cinq ans. Les éleveurs bénéficient d’une Maec (1) de 75 €/ha. Aline produit une trentaine de chevreaux par an, qu’elle vend en direct aux particuliers et aux restaurateurs en juillet. Elle trait ensuite ses chèvres à la main et fabrique du savon avec le lait. « Notre objectif est d’installer trois grands parcs fermés pour y laisser les chèvres, complète Johnny. Aujourd’hui, nous les accompagnons, ce qui est très chronophage. Nous allons aussi construire une bergerie de 100 m² pour accueillir trente brebis qui termineront le travail de nettoyage des chèvres. »

Le PNR et la mairie vont communiquer auprès des villageois sur les résultats obtenus. Un travail pédagogique sur ce projet qui amène de la vie et redonne bonne figure à Lercoul.

(1) Mesure agroenvironnementale et climatique.