«L’installation des ventilateurs limite beaucoup le stress des vaches dans notre stabulation », souligne Stéphane Pons. À la tête de 70 prim’holsteins à Mechmont, dans le Lot, avec Maxime Ruiz (1), il a investi dans cet équipement au milieu des années 2010. « À cette époque, nous constations que les vaches souffraient énormément, ajoute-t-il. Elles avaient tendance à rester beaucoup debout. Lors des journées les plus chaudes, elles haletaient fort avec la langue pendante. Dans le même temps la production dégringolait. Les vaches produisaient jusqu’à 5 l de moins par jour qu’en période normale. »

Six appareils verticaux à flux horizontal ont été installés : trois au-dessus de l’aire d’exercice devant les cornadis pour favoriser la consommation de la ration et trois au-dessus d’une rangée de logettes. « L’offre d’équipements sur le marché était beaucoup moins étoffée, souligne Stéphane. J’avais vu des ventilateurs à pales horizontales (à flux vertical) au Canada, mais il me semblait que leur rayon d’action était moins large. Nous avons positionné les appareils en fonction des ouvertures des portails sur les pignons et de leur distance d’efficacité. »

Confort hétérogène

L’idée est de « capter » de l’air plus frais à l’extérieur pour le diriger vers les animaux. « Chaque ventilateur crée une zone de confort, explique Grégory Cagnac, de la chambre d’agriculture du Lot. Les fabricants proposent des gammes de plus en plus fournies avec des modèles plus performants et moins bruyants. Il convient de bien étudier les solutions possibles avant d’investir, sans oublier que la combinaison de modèles verticaux et horizontaux peut aussi être une éventualité. »

Quelques années après l’installation des ventilateurs, en 2018, l’Institut de l’élevage a réalisé une étude au Gaec de Rouergue. Elle a montré que le bâtiment était plutôt bien adapté aux conditions climatiques. Des mesures du confort thermique via l’indice HLI (lire l’encadré p. 65) dans les différentes zones du bâtiment mettent toutefois en avant une hétérogénéité du confort. L’espace autour du Dac est moins couvert par les ventilateurs, tout comme une partie des logettes situées près du pignon sud (voir ci-contre).

« L’aménagement n’est pas parfait, reconnaît Stéphane. Petit à petit, nous effectuons des adaptations. Nous avons accentué un peu l’inclinaison sur les animaux. La brumisation, couplée avec les ventilateurs, est réglée en fonction de l’hygrométrie. Elle se déclenche pendant 3 à 5 secondes toutes les minutes. Elle est suspendue si l’hygrométrie dépasse 50 %. L’effet de la température est d’autant plus marqué si le taux d’humidité est important. » Les associés ont également décidé de limiter l’effectif à 70 vaches et ils programment la ventilation dès que la température atteint 19 °C.

Abaisser les murs

L’agrandissement des ouvertures de la stabulation est un projet que les éleveurs devraient bientôt réaliser. Notamment sur le long pan ouest. « En 2004, quand nous avons construit le bâtiment, la question du confort thermique ne se posait pas, se souvient Stéphane. La qualité des rideaux brise-vent de l’époque n’incitait pas à recourir à cette solution non plus. C’est pourquoi nous avions opté pour un mur en béton de 2,5 m surmonté d’un bardage en tôles perforées. » Le mur en béton (du pan ouest) devrait être abaissé et remplacé par un filet brise-vent. Une ouverture sur le pignon nord, au-dessus de la fumière, est également prévue. Les associés pensent placer les tôles sur un rail pour fermer en hiver.

« Les murs en béton placés au sud sont particulièrement proscrits, souligne aussi Grégory Cagnac. Ils emmagasinent la chaleur pendant la journée et la restituent la nuit. La luminosité du toit est un autre problème aujourd’hui, alors qu’elle faisait partie des préconisations d’antan. Mieux vaut faire entrer la lumière par les longs pans. »

Stéphane et Maxime étudient par ailleurs la possibilité de mettre en place des panneaux photovoltaïques sur les deux pans. Ils auraient une fonction d’isolant et pourraient faire baisser la température de quelques degrés supplémentaires (jusqu’à 6 °C). « Dans ce cas, il faudra s’assurer que le dispositif n’est pas une source de courants parasites », prévient Maxime. « L’aspersion d’eau pour augmenter l’efficacité des panneaux peut bénéficier au confort thermique à l’intérieur de la stabulation », note Grégory Cagnac.

Forte production laitière

La conséquence du stress thermique est d’autant plus important au Gaec de Rouergue que les vaches produisent en moyenne 9 700 l de lait par an. Le décalage des vêlages depuis quelques années à partir de la fin du printemps rend aussi l’élevage plus vulnérable. Les pics de production sont enregistrés pendant les mois d’été. Les vaches produisent alors 32 à 35 l de lait par jour à 150 jours de lactation. « Sachant que le stress thermique commence dès le mois de mai, assure Maxime, nous n’avons pas droit à l’erreur. En 2020, les ventilateurs ont cessé de fonctionner en octobre seulement. »

Hormis 2021, les périodes d’inconfort thermique sont de plus en plus longues. Les ajustements de l’aménagement de la stabulation risquent de se poursuivre.