À 25,4 °C le 23 août dernier, le seuil de stress thermique pour les vaches est déjà franchi dans la stabulation de Damien et Valérie Charrier, à Boffres, au Gaec Ponce en Ardèche. Les quatre ventilateurs sont en action lorsque Yannick Blanc, conseiller d’Adice conseil élevage, entre dans le bâtiment pour évaluer le niveau d’inconfort thermique des laitières.
Augmenter la ventilation naturelle
« Les ventilateurs se déclenchent automatiquement lorsque l’indice THI (lire l’encadré p. 63) atteint le seuil de 68 », explique Damien. Vers 16 heures, le chiffre affiché par le boîtier de contrôle de l’équipement dépasse 74, révélateur d’un stress modéré. « L’humain ressent moins de gêne à cette température. Il est moins sensible à la chaleur que les ruminants », insiste Yannick Blanc. Même si le thermomètre ne s’est pas « affolé » en 2021 comparé à 2020, les vaches sont indisposées. « Elles sont trop nombreuses debout devant le robot, observe le conseiller. 60 % d’entre elles devraient être couchées. » 14 % sont « perchées » dans les logettes et 20 % sont oisives. Ces résultats sont au moins deux fois trop élevés. Les vaches sont à la recherche de fraîcheur sous les ventilateurs. La position debout est celle où elles parviennent encore à mieux réguler leur température.
La situation pourrait être un peu améliorée. « Les possibilités d’accroître la ventilation naturelle sont à explorer en priorité », déclare Yannick. La stabulation construite en 1983 est fermée du côté nord par un mur en béton, mais une petite ouverture de 10 cm sous la charpente laisse cependant passer un filet d’air frais dont la vitesse est de 1 m/s. « Cette ouverture pourrait être plus importante », estime l’expert. Les filets brise-vent amovibles peuvent être préconisés dans un grand nombre de situations. Cela ne pose pas de problèmes pendant l’hiver, car les animaux craignent peu le froid. Bien nourries, les vaches s’adaptent à des températures très basses (jusqu’à - 20 °C).
Réduire l’effet du rayonnement
« Le talus présent juste derrière ce long pan nord m’empêche de supprimer complètement le mur, explique Damien. Je vais toutefois agrandir les ouvertures, installer des volets pour accélérer la vitesse de l’air. J’en placerai également sur le bardage sud. » Côté nord, « au-dessus du robot, une ouverture pourrait “fournir” davantage d’air nouveau au ventilateur le plus proche », assure Yannick.
Lors de l’inspection de la toiture, le technicien observe de nombreuses plaques translucides qui laissent passer le rayonnement du soleil. Cela joue sur l’augmentation des températures. « Mieux vaut limiter aujourd’hui ces panneaux sur le toit, surtout sur le rampant sud, explique Yannick. La peinture d’ombrage à base de chaux, comme l’utilisent les serristes, permet de réduire l’effet du soleil. Elle arrête les UV. Mieux vaut l’étaler à l’intérieur pour éviter qu’elle ne soit détériorée par les intempéries. Le produit s’achète dans les jardineries, il revient à 50 € pour 100 m2 environ. »
L’isolation du toit est une solution à envisager également dans les bâtiments dont la hauteur est modérée. C’est en tout cas une éventualité à prendre en compte lors de la réflexion d’une stabulation.
Veiller à l’alimentation et à l’abreuvement
Enfin, l’alimentation, sans oublier l’abreuvement (lire La France agricole n° 3919du 3 septembre 2021, p. 33), joue un rôle fondamental lors des excès de chaleur. Les animaux ont, en effet, tendance à réduire leur ingestion à ce moment-là. Damien et Valérie apportent beaucoup de soin à la qualité des fourrages et à l’équilibre de la ration. D’ailleurs, « la fréquentation des animaux à l’auge est bonne, note Yannick. Une dizaine mange, soit 20 % du troupeau. » La présence du robot repousseur de fourrages facilite la consommation. La température au cœur de la ration est de 23 °C et elle ne présente pas d’échauffement. La table d’alimentation, située dans le bâtiment à l’ombre est un point positif. « L’ensilage d’herbe (ray-grass anglais × trèfle) réalisé tôt (épi à 20 cm) est une bonne base pour la ration composée d’ensilage de sorgho et de maïs épi », juge le technicien.
Ajouter du bicarbonate et du sel pendant les fortes chaleurs favorise la digestion et le sel incite les animaux à s’abreuver correctement. « Nous avons investi dans un appareil qui traite aussi l’eau à l’électrolyse, explique Damien. Cela la dynamise et l’assainit. »
L’achat de quatre ventilateurs, il y a deux ans, a aussi renforcé le bien-être du troupeau. Les appareils verticaux à flux horizontaux ont coûté près de 2 000 € chacun. « L’espacement entre chaque appareil est toutefois un peu trop important, déclare Yannick, après avoir mesuré la vitesse de l’air à différents endroits de la stabulation. Il faudrait doubler le dispositif. »
(1) Le diagnostic de stress thermique des vaches laitières est conçu par Fidocl conseil élevage et financé par la région Auvergne-Rhône-Alpes.