En décembre 2018, la ferme expérimentale des Trinottières, dans le Maine-et-Loire, a ouvert trois silos de maïs ensilage dans le cadre du projet Éclat’Maïs, piloté par Arvalis. Chaque silo est caractérisé par une modalité de récolte bien particulière : éclatement du grain faible et brins courts (E -)  ; éclatement élevé et brins courts (E +) ; éclatement élevé et brins longs (SCH). Les fourrages sont issus des mêmes parcelles et affichent une composition chimique et des valeurs nutritives très proches. Les résultats des analyses fermentaires des ensilages de maïs sont également similaires après cinq mois de conservation. Après une phase de transition alimentaire, trois lots de 21 vaches laitières se sont vu attribuer la ration suivante pendant huit semaines : 72  % de maïs ensilage (E -, E + ou SCH), 2  % de paille de blé et 24  % de tourteau de colza. L’équilibre recherché étant de 100 g de PDIE/UFL, pour une ingestion quotidienne d’environ 22,5 kg de MS/VL.

Laisser fermenter la récolte

La conclusion de l’expérience, retranscrite dans un rapport publié en juin dernier, est formelle  : « L’ingestion, le lait brut, les quantités de matières protéiques et de matières grasses, le taux protéique et le taux butyreux, les comptages cellulaires, le taux d’urée et le poids vif des vaches laitières des trois lots ne diffèrent pas. » Il semble alors que le niveau d’éclatement du grain n’ait pas d’impact sur les performances zootechniques des animaux.

« Éclater le grain reste indispensable pour les vaches laitières adultes, sou­ligne Julien Jurquet, chef de projet à l’Institut de l’élevage (Idele). Il s’agit de rendre accessible l’amidon à la microflore du rumen, au risque de retrouver les grains entiers dans les fèces. Mais au vu des résultats obtenus dans cet essai, il n’y a aucune plus-value à pulvériser complètement le grain. » Sur la digestibilité, justement, la teneur moyenne des fèces en amidon est d’environ 1  % pour les lots nourris au maïs E + et SCH. La teneur est légèrement plus élevée pour le lot E -, à hauteur de 3,7  %. « Il semble que l’amidon du maïs E - ait été moins bien dégradé dans le tube digestif des animaux, du fait du moindre éclatement des grains, mais on reste en dessous du seuil de 5  %, rassure Julien Jurquet. Il n’y a rien d’alarmant, d’autant que les maïs testés sont riches en amidon : autour de 320 g/kg de MS.  »

Une condition est néanmoins nécessaire à cette bonne valorisation du fourrage : avoir un délai d’ouverture du silo suffisant. « Il faut attendre au minimum un mois pour que le fourrage ait le temps de bien fermenter, note Julien Jurquet. Et plus on attendra, meilleure sera la digestibilité de l’amidon. De quoi compenser, en partie, un faible niveau d’éclatement du grain. »

Outre le niveau d’éclatement du grain, l’apport de brins longs dans le lot SCH ne présente pas d’intérêt zootechnique supplémentaire par rapport à une présentation classique. « Un essai jumeau a été mis en place à la station Arvalis de La Jaillière (Loire-Atlantique) et les résultats vont dans le même sens », conforte le spécialiste de l’Idele.

A. Courty