La floraison du maïs fourrage s’est déroulée dans des conditions très sèches, mais sans excès de températures en juillet. Le retour de la pluie sur l’ouest du pays et la bordure Manche début août a permis de sauver les rendements, avec un bon remplissage des grains. Partout ailleurs ou presque, le déficit hydrique post-floraison a perduré. Notamment dans le Grand-Est.

Conditions sèches

À l’échelle nationale, le rendement moyen « est estimé à 11,9 tonnes de MS/ha, contre 11,3 t l’an passé », indique Michel Moquet, spécialiste maïs fourrage chez Arvalis. Il existe une forte variabilité intrazone, mais les meilleurs résultats sont observés sur le littoral ouest et nord, ainsi qu’en Picardie et en Alsace (rendements moyens compris entre 13 et 15 t MS/ha). Par rapport à la moyenne quinquennale, ce sont les éleveurs de Rhône-Alpes, Franche-Comté et Bourgogne qui devront composer avec les plus grosses pertes de rendement (de 14 à 17 %).

Ajuster la ration

La teneur en MS moyenne à la récolte est de 33,7 %, « mais plus d’un tiers des chantiers ont eu lieu à plus de 35 % de MS », explique Hugues Chauveau, zootechnicien chez Arvalis. Cela concerne particulièrement les régions Centre, Bourgogne-Franche-Comté et Rhône-Alpes. En parallèle, les teneurs en amidon faibles à moyennes sur ces régions indiquent que la MS a été tirée par le dessèchement de l’appareil végétatif. « Les fourrages qui combinent taux de MS élevé et teneur en amidon faible sont difficiles à tasser, note Hugues Chauveau. Avec une porosité plus élevée­ au silo, des pertes par échauffement sont à prévoir. Attention à ne pas surestimer les stocks par rapport aux abaques de densité. »

Sur le centre-est, les éleveurs peuvent néanmoins compter sur une teneur en MAT proche de 8 % et une bonne digestibilité des fibres (dNDF supérieure à 56 %), à la suite de chantiers d’ensilage relativement précoces. « Les ensilages réalisés sur la zone en bordure de Manche présentent une digestibilité des fibres inférieure à la moyenne nationale (53 %), à cause d’une durée de cycle plus longue, souligne le zootechnicien. Mais les niveaux restent corrects. » Côté Manche, certains maïs sont très riches en grain. « Pour les rations basées sur cet ensilage, il convient donc d’évaluer la part de fourrages prairiaux à apporter pour diluer la teneur en amidon dégradable et prévenir les risques d’acidose », avertit l’expert.

Le cru de maïs ensilage 2020 présente une valeur énergétique de 0,91 UFL/kg de MS contre 0,90 UFL/kg de MS l’an passé. Les teneurs en UFL sont proches d’une zone à l’autre. « Là où l’amidon vient à manquer, la qualité des fibres compense, et inversement », explique Hugues Chauveau. Un tiers des maïs affiche une teneur en UFL inférieure à 0,90. Pour les élevages concernés, « il sera probablement nécessaire de complémenter ce fourrage en énergie, d’autant plus avec des animaux à haut niveau de production ». Qui plus est, l’ensilage 2020 a un encombrement plus important qu’en 2019. L’ingestion pourrait s’en trouver diminuée.

« Au vu de la forte hétérogénéité des ensilages de maïs inter et intrarégion, il est indispensable de faire analyser son fourrage afin d’adapter au mieux sa complémentation », conclut Hugues Chauveau.

A. Courty