Guillaume Ardillon attrape une barquette de filets de poulet et brandit son smartphone au-dessus. « Je scanne le code à barres, je saisis le numéro de lot, et voilà, je retrouve l’éleveur. » L’éleveur, dans ce cas, s’appelle Nicolas Texereau. Dans un court texte qui s’affiche sur l’écran du téléphone portable, on apprend que Nicolas s’est installé en 2008, à Louzy, dans les Deux-Sèvres, et qu’il a 6 bâtiments.
Sur une carte, on peut également voir où se trouvent le couvoir, ou bien l’usine de nutrition à laquelle Nicolas achète ses aliments. Puis, dans un autre onglet, on découvre des informations sur le lot de poulets contenu dans la barquette, leur date d’entrée sur l’exploitation de Nicolas, les différentes phases d’élevage, et les audits éventuels réalisés par la coopérative. Et ainsi, en quelques clics, les poulets de Nicolas n’ont plus de secrets pour les consommateurs.
Valoriser les données techniques
L’application, téléchargeable sur tous les systèmes d’exploitation, n’est actuellement disponible que pour le poulet. Les épinards suivront en avril, puis le système sera élargi à toute la gamme « La Nouvelle Agriculture » de Terrena. Communiquer de manière transparente sur ces pratiques, l’intérêt est évident, mais les agriculteurs de Terrena trouveront-ils le temps d’alimenter l’application ?
« On ne fait que valoriser des données déjà saisies par les adhérents », explique Pascal Ballé, agriculteur et administrateur Terrena, en charge de la marque La Nouvelle Agriculture. Les adhérents saisissent en effet déjà ces données sur l’application Concelio depuis quelques années.
Pierre-Luc Pavageau confirme. « J’utilise Concelio depuis deux ans. Le système me permet de suivre mes coûts, de justifier mes pratiques auprès des services vétérinaires et de me situer techniquement par rapport aux autres adhérents. »
Pierre-Luc Pavageau, adhérent Terrena et éleveur de volailles. © I. Logvenoff/GFA
En Gaec sur 260 hectares dans la Loire-Atlantique, Pierre-Luc s’est lancé récemment dans l’élevage de volailles, et Concelio l’aide à progresser dans ses pratiques. « À chaque bande, on connaît l’indice de consommation en temps réel. Pour mes dindons qui sont partis lundi soir, par exemple, j’avais déjà la marge avant qu’ils quittent l’exploitation. » Avant leur envoi sur l’application Monagriculteur.coop, les exploitants peuvent personnaliser les données tirées de Concelio. « C’est en libre choix, confie Pierre-Luc, et derrière on peut écrire un texte. Bientôt, on pourra même publier des vidéos. »
Coup de projecteur sur les adhérents
Pour Pierre-Luc, cette application répond aux besoins des consommateurs de renouer avec les exploitants. « Aujourd’hui, c’est au-delà de la durée d’élevage. Ils veulent savoir comment la volaille a été nourrie, qui l’a élevée, et sur quel territoire. »
Sortir les producteurs de l’ombre, c’est peut-être là l’atout majeur de cette initiative, selon Pierre-Luc. « C’est très valorisant. On avait perdu ce lien avec le consommateur avec les coopératives, mais on est en train de le recréer ». Le coût de ce lien ? Des pratiques irréprochables sur les exploitations par rapport au cahier des charges de la coopérative.