« Ça fait six ans que je suis élu, et je n’ai jamais de motion qui est remontée au niveau national. Il faut être honnête, d’habitude, les motions ça reste au niveau de la chambre. » Franck Olivier (Coordination rurale), vice-président de la chambre d’agriculture des Charentes, est le premier surpris par l’écho médiatique reçu par la motion votée au début de décembre en session ordinaire.

Le Figaro, France 3, Le Parisien, Sud-Ouest, France Bleu, de nombreux médias, dans leurs éditions locales ou nationales, ont rapporté la colère des agriculteurs charentais contre les associations végans. Dans le viseur des producteurs : ces visiteurs qui rentrent en catimini sur les élevages pour y tourner des vidéos accusatrices.

« Les cochons sont couverts de mouches »

« Ce qui a déclenché l’écriture de cette motion, raconte Franck Olivier, c’est une vidéo tournée sur un élevage charentais sans l’accord de l’éleveur. » Comme d’habitude, la vidéo tournée durant cette visite a été publiée quelques mois plus tard sur les réseaux sociaux pour dénoncer les maltraitances des animaux.

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« Je n’ai jamais vu autant de mouches dans un élevage, c’est dingue », s’étonne l’une des personnes filmées. Si les membres de L214 ont été choqués par ce qu’ils ont vu chez cet éleveur, les services de l’Etat, lors de l’enquête réalisée quelques jours plus tard, n’y ont rien trouvé à redire. « L’éleveur a porté plainte, explique Franck Olivier, car il y avait effraction et c’est ça qui a déclenché la mise à feu. »

À tous les copains végétariens

L’objet de cette motion ? « Il y a un laxisme par rapport aux associations végans, et L214, qui se permettent des choses inadmissibles », dénonce Franck Olivier. Le texte demande ainsi au ministère de l’Agriculture de prendre ses responsabilités, à celui de l’Éducation d’arrêter la désinformation dans les écoles, et à la justice de poursuivre tous ceux qui filment illégalement les élevages.

« Chacun a le droit à manger ce qu’il veut comme il veut, moi-même j’ai des copains végétariens. » Ce que Franck Olivier désire ? Que les représentants des associations condamnent les actes illégaux et le vandalisme, tout comme les syndicats sont parfois amenés à le faire. « Nous, en Charentes, on cherche toujours la médiation. Et si une action réalisée par l’un de nos adhérents est illégale ou contraire à nos valeurs, on n’hésite pas à la condamner. »

La tempérance des élus pourrait cependant bientôt se révéler inefficace. « Le mot c’est : résigné. La plupart des agriculteurs sont résignés, mais d’autres sont en colère. ». Une colère qui pourrait alors se déchaîner en cas de rencontre entre les agriculteurs et les personnes réalisant ces vidéos accusatrices. « Si un jour ces gens tombent sur un éleveur, s’inquiète Franck Olivier, ça pourrait très mal se passer. »..

Un texte national

Le texte voté par la chambre a été écrit par les juristes de la Coordination rurale, puis relu et complété par les élus des Charentes. Voté au niveau départemental, il a également été approuvé à l’unanimité par la chambre régionale, quelques jours plus tard.

« Tant mieux si ça nous sert, mais ce n’était pas le but. » Pour Franck Olivier, l’objectif premier n’était pas de défendre les positions de son syndicat, mais bien de remplir sa mission d’élu auprès des agriculteurs, et surtout des éleveurs. « À notre façon, nous sommes aussi des lanceurs d’alerte », poursuit-il.

Quel écho la motion a-t-elle reçu auprès des pouvoirs publics ? « Pour l’instant, rien, déplore Patrick Olivier. Ils sont encore occupés par une autre activité… ».

Ivan Logvenoff