Ce franchissement laisse le champ libre au groupe français pour demander le retrait de Parmalat de la Bourse de Milan. Après 7 ans aux commandes, Lactalis annonce également son intention de faire valoir son droit de « squeeze out » lui permettant de racheter les dernières actions afin de devenir seul actionnaire et de « donner une nouvelle dynamique » à la laiterie italienne.

7 ans de combat

Mars 2011 : Lactalis devient l’actionnaire majoritaire du groupe italien dès sa première opération de rachat. Le groupe français poursuit sa montée dans le capital sans dépasser le seuil des 30 % qui l’obligerait à lancer une offre publique d’achat (OPA). Lactalis doit néanmoins faire face à l’hostilité du gouvernement italien face à sa prise de pouvoir au nom de la protection des industries nationales.

Avril 2011 : Malgré les tentatives du gouvernement pour bloquer cette offensive, Lactalis annonce une première OPA à hauteur de 3,375 milliards d’euros. Bien que le gouvernement ne juge pas cette offre comme « hostile », le Premier ministre italien espère néanmoins que l’alliance italienne comprenant le groupe Ferrero alors encouragé par l’État prenne une participation dans Parmalat pour bloquer l’OPA.

Mai 2011 : L’OPA lancée par Lactalis, jugée trop basse, est rejetée par Parmalat. Opposé à une surenchère, Lactalis ne lâche pas. Avec Parmalat, Lactalis entend devenir le premier groupe mondial du secteur laitier.

Juin 2011 : Malgré le refus de Parmalat, l’OPA suit son cours avec un succès conditionné à la détention d’au moins 55 % du capital. Lactalis obtient 9 des 11 sièges au sein du conseil d’administration. Cette prise de pouvoir a débloqué l’adhésion des actionnaires minoritaires à la cause de Lactalis.

Juillet 2011 : Lactalis détient désormais 83,3 % du capital de Parmalat, ce qui lui permet de faire aboutir positivement cette première OPA lancée 3 mois plus tôt. La prise de contrôle se confirme. Le nouveau Lactalis est désormais leader mondial des produits laitiers.

2016-2017 : Lactalis lance de nouvelles OPA, plus élevées que celle de 2011, avec l’objectif de dépasser le seuil des 90 % de participation au capital afin de retirer l’action de la Bourse italienne. Le géant français rencontre des difficultés à susciter l’adhésion des derniers actionnaires car le titre Parmalat atteint des prix très attractifs sur le marché. Lactalis ne parvient pas à obtenir le nombre d’actions nécessaires pour lui permettre d’arriver à son objectif.

2018, le Français abat ses dernières cartes

Dans le communiqué dévoilé ce 4 décembre 2018, Lactalis a annoncé avoir dépassé les 95 % des actions de la société italienne. Le rachat des actions nécessaires s’est fait hier au prix de 2,85 € par action, soit 5 centimes de plus que lors de sa précédente proposition en 2017 qui était alors jugée peu attractive par rapport au prix du marché.

Alexandra Courty