« La production européenne d’insectes est entre les mains de quelques dizaines d’entreprises généralement de petite taille qui visent les marchés de l’alimentation animale (1) et humaine », résume Antoine Hubert, le président de l’IPIFF (1) et de la start-up française Ynsect, en introduction de la journée européenne sur les insectes à Bruxelles le 6 novembre 2018.
190 000 t en 2020
Si la production européenne ne dépasse pas 1 900 tonnes au total, elle attire toutefois les financements qui atteignent actuellement 350 millions d’euros. L’objectif visé est de 190 000 t dès 2020. Il lui faut des usines. Rien qu’en France Ynsect et Novinsect prévoient des constructions dans les Hauts-de-France, et des marchés.
Les débouchés en alimentation humaine, placés sous la réglementation “novel food” sont actuellement dans une période de transition, les dossiers devant être déposés avant le 31 décembre prochain. L’IPIFF espère que les premiers dossiers, en ordre depuis plusieurs mois, seront acceptés au début de 2019.
Le gros des volumes en alimentation animale
En nutrition animale, qui représente le plus gros des volumes actuels, le marché de l’aquaculture ouvert depuis juillet 2017 représente la moitié des débouchés et pourrait monter à 75 % d’ici à 2030. Le petfood, notamment les aliments hypoallergéniques, accepte des prix supérieurs mais reste “une niche”.
La difficulté du monde des insectes est de parvenir à passer le stade des installations pilotes pour proposer des volumes compatibles avec des segments de marchés nouveaux, et des prix acceptables pour ces marchés. Ces farines tombent sous le coup de l’interdiction des protéines animales transformées issue de la période de l’ESB (3).
Cap sur la volaille
L’ouverture du marché de l’aquaculture était une dérogation à cette interdiction. Mais les farines d’insectes peuvent désormais raisonnablement viser l’aviculture. Il faudra l’accord des États membres qui pourrait être reporté en raison des élections du Parlement européen et du changement de Commission l’an prochain.
« Nous ne visons pas le remplacement des millions de tonnes de soja mais nous souhaitons contribuer à proposer d’autres solutions au même titre que les algues, les protéines marines ou les levures », explique Antoine Hubert. Le monde des insectes tempère les discours passionnés de certains de ses acteurs qui, dans les premiers temps, pointaient du doigt le soja.
(1) Petfood et aquaculture.
(2) International Platform of Insects for Food and Feed.
(3) Encéphalopathie spongiforme bovine.