Ils ne fanfaronnent pas mais ils ont retrouvé le moral. Les constructeurs de matériels agricoles sont globalement satisfaits de leur activité en 2018. Mieux, selon l’enquête réalisée par leur représentant Axema, les deux tiers des industriels anticipent une poursuite de leur croissance en 2019. « La situation s’améliore doucement mais sûrement, précise Élodie Dessart, responsable du pôle économique d’Axema. Seuls 5 % des constructeurs prévoient une baisse de leur chiffre d’affaires tandis que 57 % d’entre eux ont un résultat en croissance ».
Situation difficile pour le travail du sol
Les matériels qui profitent le plus de la reprise sont les outils de fenaison, les tracteurs et les équipements d’élevage. C’est plus difficile pour les matériels vitivinicoles, les outils de travail du sol et les semoirs. « Néanmoins, les perspectives sont plutôt encourageantes pour le viticole, commente Élodie Dessart. La situation risque d’être toujours difficile en travail du sol, avec des situations assez hétérogènes selon le type de matériel. »
Axema constate toutefois qu’il y a toujours un important écart du taux de marge entre l’industrie française dans son ensemble (38 % de marge) et l’industrie des agroéquipements (23 %). Et sur une longue période, les marges des constructeurs d’agroéquipements sont orientées à la baisse, en particulier pour les PME.
Des investissements plus raisonnés
Pour Frédéric Martin, le président d’Axema, il y a des raisons de se réjouir mais il ne faut pas s’emballer : « Après trois années de forte baisse en 2014, 2015 et 2016 puis une année de stabilisation en 2017 avec un chiffre d’affaires à 5 milliards pour l’ensemble de la filière, nous sommes confiants. Mais il faut être réalistes, nous ne retrouverons jamais le niveau exceptionnel de 2013 car structurellement les investissements des exploitants agricoles sont plus raisonnés. »
Axema s’inquiète aussi des problèmes de capacité de production, en particulier dans les PME. Ainsi, 32 % des constructeurs rencontrent des difficultés de recrutement qui pénalisent leur activité. Près d’un industriel sur deux souhaite embaucher dans les métiers liés à la production (soudure, chaudronnerie…). Conséquence logique de ce problème de main-d’œuvre, le délai de livraison s’allonge de 3 semaines en moyenne dans l’industrie.
Les prix vont encore augmenter
« Il ne faut pas se faire d’illusions, le prix des machines va continuer à progresser », avertit Frédéric Martin. L’Insee, qui publie régulièrement un indice des prix, estime qu’ils ont augmenté de 6 % en deux ans pour le matériel agricole. Mais il faut aussi voir que l’offre à disposition des agriculteurs ne cesse de progresser. »
Sans surprise, les tracteurs ont subi la hausse la plus importante, en raison de la mise en place des normes liées à la Mother Regulation. L’autre catégorie de matériel qui a subi une forte hausse de prix est le matériel roulant comme les remorques, en raison de la part importante du prix de l’acier dans le coût du produit final. Car, Frédéric Martin le rappelle, « l’acier a encore augmenté de 10 % cette année ».