« Maintenant ça suffit, il y en a plus que marre ! introduit Jean-Paul Bigard, président de Culture Viande (1), en affirmant son soutien à la FNSEA dans sa demande d’enquête parlementaire sur les associations antispécistes. Nous sommes en face d’un mouvement qui se développe, mais nous ne sommes pas abattus du tout. »

Communiquer collectivement sur la viande

« Il est encore temps de faire passer les messages de la viande, rassure François Cassignol, directeur de la communication de Culture Viande. Selon un récent sondage Ipsos, seuls 2 % des Français déclarent ne pas manger de produits carnés. » Au début de 2019, une campagne de publicité d’un genre nouveau sera lancée dans le but de répondre plus efficacement aux attaques des anti-viande.

François Cassignol laisse planer le mystère sur les détails de cette offensive mais assure que le « nouveau positionnement fera plaisir à l’ensemble de la profession ». Seul indice, mais de taille, la communication sur la viande sera désormais collective, et non plus centrée sur une espèce en particulier, « pour répondre aux questions de plus en plus transversales que se posent les consommateurs ».

Défendre positivement la viande

« Le régime végan n’est jamais recommandé par un nutritionniste sérieux », assure Jean-Michel Lecerf, médecin nutritionniste. Le professeur conseille à Culture Viande de « défendre positivement les valeurs de la viande, sans se revendiquer comme des viandards » car « cela ne passe pas aujourd’hui ».

« Quand on agresse les gens sur leur alimentation (d’une manière ou d’une autre), des barrières se lèvent forcément, explique-t-il. Il faut présenter la viande comme étant un élément faisant partie intégralement de notre culture gastronomique française, de notre plaisir et de notre équilibre alimentaire. »

Des jeunes en manque de causes à défendre ?

« Aujourd’hui tous les aliments sont attaqués, pas seulement la viande, rappelle Jean-Michel Lecerf. Ces inquiétudes disproportionnées sur l’alimentation, sont sûrement liées au fait que nous sommes des enfants gâtés. »

Une idée développée quelques minutes plus tard par le philosophe Francis Wolff, qui cite « l’écroulement des horizons révolutionnaires », parmi les multiples causes de l’émergence de l’animalisme. « Pour les jeunes générations, quelles victimes voulez-vous libérer ? Quelle est l’image absolue de la victime ? Il ne reste plus qu’à libérer la dernière victime qui cumule toutes les oppressions : l’animal. C’est une victime idéale pour le défenseur, car elle ne peut pas parler. Il en devient donc le porte-parole sans avoir à la convaincre de faire la révolution. »

Valérie Scarlakens

(1) Syndicat de l’industrie d’abattage-découpe-transformation représentant 71 % des abattages nationaux d’animaux de boucherie et 57,8 % des salariés de la branche industrie et commerce en gros des viandes.