Après plusieurs scandales dans le secteur laitier, une révolution est en vue aux Pays-Bas. Économie circulaire, autosuffisance pour l’alimentation du bétail et le traitement de lisier, limitation des importations de soja et d’autres produits à base d’huile de palme hors de l’Union européenne, autant d’objectifs du secteur laitier néerlandais qui entend, dans les prochaines années, strictement lier la production de lait aux ressources des terres de l’exploitant.
65 % de protéines
Ce nouveau cap vient d’être fixé dans le rapport « la production liée à la terre » de deux organisations professionnelles : le LTO, fédération agricole nationale, et la NZO, son homologue du secteur laitier. La feuille de route comporte une partie des mesures devant entrer en vigueur dès 2025 pour arriver à une quasi-autosuffisance vers 2040.
« Ces recommandations offrent des perspectives d’avenir aux exploitations laitières », estime Dirk Bruins, vice-président du LTO. « Elles vont permettre de renforcer le secteur qui va devenir moins dépendant en matières premières. » Sur le terrain, le bétail devra être nourri par les propres cultures de l’exploitant, notamment l’apport en protéines, ou celles fournies par le voisinage.
L’objectif de 2025 fixe un minimum de 65 % de protéines produites sur place ou dans les environs sur la base d’un contrat avec un « voisin ». D’ici sept ans, l’exploitant ne pourra faire appel à des fournisseurs extérieurs que pour un tiers de ses besoins en fourrage. Pour le reste, l’éleveur pourra recourir aux récoltes d’un producteur implanté dans un rayon de 20 km par le biais d’un contrat de fourniture. À l’horizon 2040, l’objectif final est de réduire à zéro les importations de soja.
De même, la quantité de lisier du bétail produit par une exploitation ne devra pas excéder les capacités d’absorption de ses propres terres. L’exploitant devra sinon recourir aux principes de l’économie circulaire en concluant un contrat avec un voisin situé au maximum à 20 km à la ronde, pour la prise en charge de son excédent de lisier.
Droits d’élevage
Les Pays-Bas, qui ont obtenu le prolongement de deux ans d’une dérogation européenne leur permettant de produire davantage de lisier que leurs collègues de l’Union européenne, ont déjà mis en place un système de quotas de production de lisier. Ce mécanisme fixe un nombre de droits d’élevage à chaque éleveur selon la taille de son cheptel et de la superficie de ses terres. À partir de là, des limites de production de lisier et de phosphates s’appliquent à chaque exploitation.
La prochaine étape, fixée par les deux organisations, vise à la mise en place d’initiatives concrètes pour stimuler les exploitants à réaliser ces objectifs dans les temps. Leur rapport répond, selon elles, aux exigences de bien-être animal et de biodiversité, il l’estime aussi conforme aux objectifs de lutte contre le réchauffement climatique.