À 32 ans, Hubert Charuel, sorti il y a six ans de la prestigieuse école de cinéma La Femis, réalise un coup de maître pour un premier film. En racontant l’histoire de Pierre, jeune agriculteur qui se met hors la loi pour éviter l’abattage de son troupeau, ce fils d’éleveurs laitiers de Haute-Marne a rapidement convaincu des producteurs de financer son film. Et séduit à la fois la critique (1) et le public.

Fils d’agriculteur

« Je suis fils unique. Je ne reprendrai pas la ferme de mes parents. Ce film, tourné en grande partie sur leur exploitation, est une autre forme de transmission », estime-t-il devant les membres du Syrpa à qui il présentait « Petit paysan » mercredi soir à Paris, le 27 septembre 2017.

Ses parents, qui jouent un petit rôle dans le film, ont eu un grand rôle pour accompagner les acteurs principaux (Swann Arlaud, qui joue Pierre l’éleveur, et Sarah Giraudeau, qui interprète sa sœur vétérinaire) dans l’adoption des bons gestes. Les vaches aussi ont été « castées » et menées par des dresseurs animaliers.

Quant à l’histoire, un jeune éleveur qui tente de sauver son troupeau atteint d’une maladie de type « vache folle » de l’abattage total, elle tient en haleine de bout en bout, comme un vrai thriller.

Tuer une vache pour sauver les autres

Il faut dire qu’Hubert Charuel a peaufiné le scénario pendant quatre ans, avec sa coscénariste, Claude Le Pape. « Ce n’est pas la défense d’un modèle quelconque d’agriculture. Ce n’est pas le propos. Nous racontons une histoire. Pierre est un personnage. Il est attaché à son troupeau, à ses animaux. La violence fait aussi partie de ce milieu. Il met à mort une vache pour sauver les trente autres. Il agit dans l’urgence, avec un instinct de survie, comme s’il n’avait pas le choix », explique Hubert Charuel.

La fin du film reste ouverte : « Pierre qui est très entouré, parfois étouffé par sa famille, montre qu’il tient debout tout seul », précise le réalisateur. Un film à voir !

(1) Outre des critiques très favorables, ce film a été primé trois fois au festival d’Angoulême à la fin d’août (Meilleur film, Meilleur acteur et Meilleure musique).

Marie-Gabrielle Miossec