Faux sang sur une vitrine à Lille, tags sur une devanture à Angers, vitre brisée à Jouy-en-Josas : depuis le début du mois d’avril, des inconnus s’en prennent aux boucheries. Les slogans peints sur les devantures laissent peu de doute sur l’identité des vandales : « Stop spécisme », « Viande = meurtre ». Les végans extrémistes sont en guerre. Les bouchers ont exigé dans une lettre du 22 juin l’aide du ministère de l’intérieur, et ils semblent l’avoir obtenu.
Punir de faux actes citoyens
« On ne demande pas un gendarme devant chaque boucherie, explique Jean-François Guihard, le président de la Confédération française de la boucherie, boucherie-charcuterie, traiteurs (CFBCT). Mais ces actes ne doivent pas rester impunis. » Le conseiller du ministre les a assuré que les coupables rendraient des comptes à la justice.
Des réunions seront organisées dans tous les départements entre les élus, les préfets, et les commerçants pour mettre en place des patrouilles ou des caméras. « Les boutiques, rappelle le président, sont notre outil de travail, et représentent les économies de toute une vie. Envoyer un caillou dans nos vitrines ne sera jamais un acte citoyen. » Quelques interpellations ont déjà eu lieu dans les Hauts-de-France. La mairie de Lille, soutenant les artisans, se portera partie civile dans les procès à venir.
Des actes toujours plus violents
Si les premiers actes remontent à 2016, ils deviennent chaque année plus graves. La confédération estime que les choses se sont accélérées depuis les déclarations d’une militante végane sur les attentats de Trèbes. « Comme ils pensent faire le bien, ils ont l’impression de pouvoir échapper à la loi », estime Jean-François Guihard.
Officiellement, les groupuscules violents évoluent en marge des associations véganes, sans véritable appui de la part de celles-ci. « Je vois bien le genre de gens qui commettent ce genre d’action, déclare Alexandra Blanc, présidente de Vegan Impact, une association proche de L214 et de 269Life. Ce sont des casseurs, des jusqu’au-boutistes avec lesquels on ne peut nous-mêmes pas discuter. » Selon elle, les organisations ayant pignon sur rue n’ont aucune prise sur les vandales.
Une problématique de filière
Les bouchers ne sont pas seuls dans leur malheur. Les syndicats et les producteurs les ont déjà assurés de leur solidarité. Jean-François Guihard se sent soutenu par le monde agricole. « Nous avons heureusement reçu le soutien de Christiane Lambert, se félicite-t-il, par un courrier et sur Twitter. C’est important de savoir que les éleveurs sont avec nous, nous avons les mêmes problématiques. »
Que le ministère soit prévenu. « On veut que ça avance. On a été écoutés, maintenant il faut qu’on soit entendus. » Le sujet est trop douloureux pour que les bouchers puissent se satisfaire de promesses en l’air.